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Echos de la Principauté de Dettey.

Depuis mars 2008, le gouverneur de la Principauté de Dettey est morose. Lui qui était habitué à des scores de roitelet africain n'a pas compris le soutien assez tiède de ses administrés lors des dernières municipales. Il est évident qu'on ne reste pas des décennies à la tête d'un Etat sans se faire quelques ennemis mais le bilan restait sacrément positif et il attendait plus de reconnaissance de la part de la population. Il se demandait même si des membres du clan familial n'avaient pas trahi. Sa politique copiée depuis toujours sur celle de Tonton lui avait longtemps réussi. Certes son admiration pour Ségolène l'avait amené à prendre quelques décisions déconcertantes qui n'avaient cependant pas tiré à conséquence.
Comment retrouver son lustre d'autrefois ?

S'il y en avait un qui savait tirer son épingle du jeu, retomber sur ses pieds, semer la zizanie parmi ses détracteurs, faire remonter les sondages, c'était bien le Nicolas.
Gilbert 1er allait-il franchir le Rubicon et s'inspirer des méthodes de ce démolisseur de la gauche pour retrouver sa popularité d'antan ? Rubicond, il l'est de nature mais traître à son idéologie, jamais…

Les grandes idées naissent parfois du hasard. Parcourant distraitement un Paris-Match en attendant son tour chez le dentiste, le magistrat suprême de Dettey eut une illumination. Sa baisse de popularité venait du fait qu'il n'y avait point dans sa principauté de First Lady.
Il est évident qu'il lui fallait autre chose qu'une Carlita qui l'appellerait Chouchou en public et lui ferait absorber en privé des carottes à l'eau ainsi que des yaourts allégés. Pas une maniérée qui nécessiterait l'achat d'une prothèse auditive pour l'entendre minauder ses chansonnettes.
Non, la Première Dame de Dettey serait d'une autre trempe.
Cuisinière avertie, elle suppléerait en hiver les gérants du Relais ; en été, elle arroserait les fleurs, se chargerait de la clef du gîte dont elle assumerait l'entretien, surveillerait le niveau du château d'eau, boucherait les trous sur les voies communales. Dotée d'une voix de Stentor, elle communiquerait dans les hameaux les décisions du Chef. Pas maniérée pour un sou, elle viderait les congélateurs abandonnés sur le territoire. Elle accompagnerait le Guide Suprême dans ses déplacements officiels et, cerise sur le gâteau, elle lui éviterait le salaire d'une aide ménagère.
Question morale, le potentat de Dettey se montrerait compréhensif. Il fermerait les yeux sur des aventures extra-conjugales à condition qu'il en tire quelque profit financier ou politique.
Dettey ne possédait pas en ses murs une telle perle. Etrangères, cousines, conseillères, étaient à écarter d'emblée si bien qu'il ne restait plus le moindre parti possible. Il errait comme une âme en peine du restaurant au gîte, du gîte au restaurant, reluquant les anatomies de tout ce qui portait jupon, mesurant mentalement leurs aptitudes à assumer la fonction de First Lady.
La perle rare se présenta sous la forme d'une randonneuse qui, à première et même à seconde vue possédait toutes les qualités requises. Invité à partager un dîner concocté par cette virtuose de la fourchette, il fut conquis. Comment créer le moment favorable aux travaux d'approche ? Pas de Mickey Land à proximité pour séduire la future promise. Le Barde, guinguette où le barbon avait ses habitudes ferait l'affaire. Gilbert 1er affichant le sourire séducteur qui lui avait valu un regard appuyé de Ségolène se montra direct, vantant les avantages d'une place de Première Dame sur le balcon du Morvan. La Belle ne fut pas insensible à la proposition mais elle occupait en CDI une fonction encore plus intéressante au service du Conseil Général.
Comment parvenir à ses fins ?
Il fallait convaincre l'Arnaud, empêtré dans ses problèmes de budget de supprimer un poste sur deux d'agents territoriaux et de licencier par la même occasion l'employée convoitée exerçant dans un collège réputé du Creusot.
De ce pas, Gilbert alla trouver le Christian, vieux briscard de l'Assemblée Départementale, expert en maquignonnage, habile à obtenir l'impossible pour qu'il suggère à l'Arnaud ce plan machiavélique.
Alors, charitable, le Prince de Valveron rappellerait à la chômeuse devenue nécessiteuse sa proposition faite un soir au clair de lune. Elle ne pourrait qu'accepter.

Epilogue : L'Arnaud parle de démissionner de la présidence du CG. Le plan va être foutu. Aucune importance, le Gilbert a des tas de copines et puis il n'a plus d'ambition politique.

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