Randonnée des galettes
Lassés par 20 ans d’une gouvernance conduite par un président inamovible, les AMURIENS
décident de revenir à une pratique qui perdura en France près d’un millénaire
et qui résiste encore sous d’autres cieux : la royauté.
Faute d’un message divin qui désignerait l’élu d’une
manière irréfutable, le groupe s’en remet aux puissances occultes locales pour
les aider dans leur choix.
Après un quart d’heure de marche, le plus hardi du groupe
toque à la porte vermoulue de la Cave au Renard.
Goupil, trop occupé à cuisiner
le produit de ses rapines de la nuit
n’ouvre pas mais informé de notre demande par SMS, il nous conseille de
consulter les esprits des eaux qui hantent le ruisseau de la Forêt aux Merles.
Une demi-heure plus tard nous connaissons un véritable
enchantement à notre arrivée à l’orée du bois. Ce ne sont que babillements,
sifflements, variations mélodiques. Au fur et à mesure que nous avançons en
écartant les frondaisons pour éviter les griffures des rameaux, s’y ajoutent
bruissements, clapotis, gargouillis des eaux ou plutôt des esprits des eaux.
Notre requête restera sans réponse mais au milieu de cette cacophonie nous
réussissons à comprendre que la Fée de la Louvetière, celle qui murmure à
l’oreille des loups, pourrait peut-être nous proposer une solution.
Il faut suivre un sentier pentu bordé de genêts. Arrivés à
des ruines, nous distinguons une silhouette assise sur une pierre plate
moussue. Ses cheveux gris recouverts d’un fichu difforme et ses haillons lui
donnent l’allure d’une sorcière mais à la vue des trois loups couchés à ses
pieds nous comprenons que nous avons affaire à la Fée de la Louvetière.
Pour la troisième fois nous exposons notre projet.
« C’est très simple, vous allez confectionner des
galettes et, dans l’une d’elles glisser une fève. Vous les partagerez en autant
de parts qu’il y a de convives. Celui ou celle qui découvrira la fève sera
votre roi ou votre reine. »
Ainsi fut fait.Devinez qui est désigné par le sort ?... L’inamovible président.
Un murmure désapprobateur monte de l’assemblée.
« Est-ce une révolte ?
- Non, Sire, une révolution. »
Par souci d’apaisement et pour éviter une effusion de sang
le roi éphémère rend sa couronne et propose l’anarchie, c'est-à-dire l’ordre
moins le pouvoir.
A cette heure, l’assemblée délibère encore.
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