Flagy sous toutes ses coutures




Robert et Marie-Thérèse vous relatent cette journée au cours de laquelle vous constatez que notre conception de la marche dépasse largement le fait de mettre bêtement un pied devant l’autre.
Le mois de juin étant traditionnellement consacré à ce genre d’événements, AMUR proposait un voyage de fin d'année à ses membres disponibles et volontaires.
La sortie avait été préparée par quelques vieux routards de l'Education Nationale, soucieux de ne pas rebuter son groupe par de longs développements rébarbatifs.
Première interrogation: combien de participants à la randonnée? Le rendez-vous est fixé à 10h au tir aux pigeons de Flagy. Un premier véhicule arrive avec un bon quart d'heure d'avance , guidé  par le panneau Amur planté avec les moyens  du bord sur le bas-côté de la route. Très vite un groupe, très ponctuel de 13 personnes, se présente. Une présentation minute de la sortie et le groupe se met en route, rejoint bientôt par une quatorzième participante qui avait attendu vainement le bus de ramassage à Broye...
 Un premier arrêt à l'église St Thibaut de Flagy.



La journée s'annonce bien, le groupe se montre discipliné et attentif, les vieux pédagos "boivent du petit lait" .
Le clocher roman de type lombard date du XIIe siècle. Comme en témoigne une plaque murale en latin,  la nef fut restaurée grâce à la « munificence » du bon roi Louis XVIII, lui-même bénéficiaire d’une Restauration. ….Les bénitiers sont taillés dans une pierre locale : le calcaire à gryphées (mot savant pour désigner des huitres à la date de péremption très largement dépassée.


 



 
La randonnée proprement dite commence avec une montée par un chemin qui devient sentier à travers les buis. A noter que nous sommes gâtés par la météo: un temps idéal pour marcher, quelques degrés de moins que les jours précédents, pas de pluie, pas de risque d'orage, une belle lumière.
Arrivés sur un replat, sommet de l'anticlinal, à la sortie du bois des Plaines, une courte pause "histoire" ; un  panneau évoque les parachutages effectués sur le terrain de Malle à destination de la Résistance. Le 30 juillet 2013 a eu lieu la cérémonie inaugurale de cet ancien terrain clandestin.
 Les messages d’identification étaient :

 
·          «  Bébert a un chapeau vert »,
·       « Ses gants sont usés »
·        « Le poisson volant amerrit »
·        « On tue le bouc à Victor demain »

Un peu plus loin, un beau point de vue sur le château de Sirot permet d'évoquer les activités agricoles passées et actuelles du vallon.
Leçon d’économie rurale par Marie-Thérèse :
La grosse tour cylindrique du château (ancien donjon) date du XIIIe siècle et est occupé par une ancienne chapelle. Le château est composé d'un patrimoine riche, un ancien moulin, une forge autrefois équipée par l'ancêtre du marteau-pilon, un grand four à pain (détruit durant la deuxième moitié du XXe siècle), des écuries ainsi qu'une ferme équipée de deux tinaillers* sur cave voutée, dont le plus imposant était au XIXe siècle une ancienne magnanerie.
*Nom provenant de tine, ancienne cuve de bois, le tinailler est un vaste local qui rassemble les cuves et le pressoir, où se déroulaient toutes les opérations de réception de la vendange et de vinification (Mâconnais et Beaujolais).
Pauses divertissantes

Comme dirait Franck le Munichois, célèbre joueur ch’ti de balle-au-pied, « c’est pas tous qu’on va vite avec nos jambes qu’on a » ; une pause s’impose de temps à autre. C’est l’occasion pour Marie- Jo de conter plaisamment ses aventures thaïlandaises, de la séance de massage confinant à la torture, à l’excursion à dos de pachyderme avide de régimes de bananes. Quant à Laurent, il semble avoir perdu toute illusion sur les délices des massages extrême-orientaux, ayant été copieusement trituré par une forte donzelle qui ne pouvait prétendre au titre de Miss Siam.
 
 

Nous arrivons à l'extrêmité du vallon et nous en écartons même un peu pour découvrir le hameau de Collonges. Le groupe s'assied en bon ordre dans la petite chapelle et écoute sagement la description du lieu . Plus loin dans le village, premier complexe hydraulique (lavoir, fontaine, abreuvoir)
 
 




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Nous abordons le deuxième versant du vallon. Pour nous remettre de la montée, nous pique-niquons dans un pré nous offrant un beau point de vue.
Le circuit se poursuit jusqu'au lavoir de Villard, le groupe tenu en haleine par la promesse de Brigitte de tout nous expliquer à cet endroit. Effectivement, elle captive son auditoire, ayant même réalisé un croquis pour être plus claire. La minute géologique:
 Sous l’influence du plissement alpin, les terrains sont lacérés de failles Nord-Sud qui compartimentent des chaînons. Ces cassures créent des zones de moindre résistance guidant les eaux de drainage ; ce qui explique l’alignement N-S des trois lavoirs du vallon.                                                                            Sur ces sols calcaires trop pauvres, la viticulture a été abandonnée au profit de pâturages maigres convenant au mouton. L’ovin a remplacé le vin. Les friches à genévriers, les buis et la forêt complètent le tableau.                                                                                                                                                    Les basculements alpins ont provoqué une disposition en panneaux inclinés vers l’Est, donc les points les plus élevés sont d’âge géologique inférieur aux points les plus bas.
 
 
 

Ce n'est pas tout: il nous faut remonter dans le temps géologique d'environ 50 000 ans ; ça ne nous rajeunit pas d'autant plus que, de l'avis général, cette montée  jusqu'au bois de la Trameule est la plus dure du circuit.



 
Mais chacun peut admirer murgers et cadoles, témoins du labeur patient des hommes. Par contre, les guides du jour ne cherchent pas à masquer leurs insuffisances en géographie quand on leur demande de nommer tel sommet planté d'un relais ou tel beau village qui apparaît à distance.
Le circuit se poursuit sans encombre; le passage impraticable lors de la première reconnaissance a fort heureusement été dégagé en vue d'une randonnée que les Ainés ruraux organiseront à la fin de ce mois(ils ne savent pas à quel point nous les remercions). Ainsi, nous bouclons le circuit prévu en n'empruntant que fort peu de passages goudronnés. Nous retrouvons le bourg de Flagy par un charmant raccourci à travers les buis.
Et, comme toujours, la journée se termine avec le goûter tiré des coffres des voitures."
 

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