Commençons par quelques chiffres. Nous sommes
dix… Que trois hommes, que font les autres ?
Le parcours ne mesure pas 11,100 km mais 11,400
km, distance officielle relevée à l’arrivée sur la montre magique de Noëlle.
Nous démarrons du centre aqua récréatif du
village d’Etang.
Dans le centre-bourg, un pont de pierre du XIXe
siècle traverse l'Arroux. Nous ne le franchissons pas mais descendons sur la
rive droite de la rivière par un escalier assez raide.
A la différence de Mesvres, Etang, pourtant sur
la route royale d'Autun, entreprend tardivement de construire un pont sur cet
affluent de la Loire. Jusqu'au milieu du XIXe siècle, le passage de l'Arroux se
fait à gué. Les gués de l’Arroux revêtaient une très grande importance.
Celui entre le bourg et le Mousseau est encore en partie visible, en dessous du
pont actuel. Le plus connu est le gué de la Perrière, à un kilomètre plus en
amont, dont le passage n’est plus visible de nos jours. Le chemin qui le
franchissait venait de Bibracte et se dirigeait par la vallée du Mesvrin vers
Chalon sur Saône. Cette grande voie protohistorique croisait, à la sortie du
gué, la voie latérale à l’Arroux qui devint à l’époque romaine la voie d’Autun
à la Loire par Toulon.
La maison dite « du
passeur » existe toujours. Construite en 1636, c’est la plus ancienne maison du
bourg d’Étang. Elle est toujours habitée. Sur le mur on peut voir gravée la
cote de la crue record du 10 septembre 1789.
Avec l'extension du réseau routier, plusieurs
routes convergent sur le bourg d'Etang, sans pouvoir enjamber la rivière. Un
pont est donc en projet dès 1842 et est ouvert à la circulation en 1852. Il
importait d'acheminer les bois du Morvan vers les mines et les usines du
Creusot en plein essor. Ces réseaux avaient l'ambition de développer les
échanges commerciaux entre le Morvan agricole et les pays vignobles de la Saône
jusqu'en Beaujolais. La construction du pont déclencha des rivalités entre rive
gauche et rive droite, notamment sur le lieu d'implantation de la mairie.
L'entreprise Gagnin fut chargée d'ériger un pont de 91 mètres de long, dont la
chaussée de 5 mètres, encadrée de minuscules trottoirs, reposerait sur cinq
piliers de cinq arches, larges de 13 mètres. La clef de voûte des arches s'élève
à 6,32 mètres au-dessus de l'étiage. A cette altitude, elle domine d'un mètre
la légendaire crue de 1789… Les pierres du parapet viennent des carrières de
Montoy- la Roche-Mouron. En 1977, la chaussée est élargie. L'importance du pont
dans l'histoire d'Etang est telle qu'il figure sur le blason de la ville. Avec
la gare ferroviaire, il assura le développement économique d'Etang-sur-Arroux.
L’Arroux, durement éprouvé par la sécheresse de
cet été, a repris un peu d’importance. Nous le longeons sur un peu plus d’un
kilomètre, le quittons après avoir traversé l’ancienne ligne du tacot.
Cette ligne de 53 Km, de Digoin à Etang par la
vallée de l'Arroux, fut la première à voie métrique ouverte dans le
département. Elle avait été demandée pour desservir les forges de Gueugnon,
éloignées des gares du réseau PLM. La ligne fut déclarée d'utilité publique en
1891. Elle fut ouverte dans sa totalité le 30 Juillet 1893. Les deux terminus
de la ligne faisaient gares communes avec le PLM, et possédaient des
installations de transbordement entre les deux compagnies. Pendant la première
guerre mondiale, les forges tournent à plein régime, et la ligne voit son
trafic marchandise augmenter. L'activité voyageurs est surtout composée d'ouvriers
pour Digoin et Gueugnon. En 1935, pour contrer les autobus, on met en service
des autorails. En 1950, le parc est renforcé par trois autorails. Une baisse
d'activité des forges, entraînant également une chute du service voyageur,
conduit rapidement à la fin d'exploitation de la ligne le 15 Septembre 1953.
Nous retrouvons la rivière et la suivons
jusqu’au lieu-dit les Bedats. Nous obliquons alors à droite et attaquons une
pente modérée jusqu’au lycée forestier de Velet.
Dans le hameau, un occupant aimerait bien se
joindre à nous. Il s’agit de Nestor, un mouton Shetland. Cette race ovine
de petite taille originaire de l'archipel des Shetland
en Écosse, fait partie du groupe des moutons de
petite taille de l'Europe du Nord, et est étroitement affilié à une race
éteinte. Cet animal est essentiellement élevé pour sa laine très
fine qui en fait la renommée, mais il est également prisé pour sa viande, ainsi
que pour l'entretien des prairies naturelles.
Son maître, avec qui nous échangeons quelques
mots le rappelle. Il nous dit tout le bien qu’il pense de nos sentiers et il ne
se prive pas de les recommander aux occupants de son gîte de France.
Le temps brumeux et la boussole déboussolée par
un voisinage prolongé avec le téléphone de Daniel ne facilitent pas la lecture
de paysage. Nous localisons aisément Etang, le hameau de Runchy et le massif de
Montjeu.
Nous allons, par une longue descente agréable
sur un chemin bien entretenu, rejoindre la voie ferrée Etang-Luzy. Nous la
suivons jusqu’à notre point de départ.
Bien que la montre magique de Noëlle nous
annonce que nous avons brûlé un nombre ridicule de calories, nous capitulons
devant les pâtisseries qui émergent des coffres. Une fois de plus, la marche
nous aura fait gagner quelques grammes.
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