Le Chat de Dettey


"Hommage à Saint Hubert *

Ce chat est un des éléments d’un Sentier de l’Imaginaire impulsé par les Foyers Ruraux et qui comporte sept réalisations.
Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter suffisamment devant cette sculpture, nous ne dépasserons pas le stade de l’observation “chat-nid” . Il nous faut imaginer des intentions, décoder des messages, sinon cette œuvre restera un objet.
A peine plus gros qu’un bon gros matou, le chat de Dettey est en bronze. (Pour la petite histoire, ce bronze a été coulé en région parisienne, dans la fonderie qui travaille pour Niki de Saint Phalle.) Plutôt que de le peindre, Jean-Yves Brélivet lui a donné une belle patine noire qui évoluera certainement avec le temps. La préoccupation principale de l’artiste n’était pas la reproduction scrupuleuse d’un chat ; pas de moustache, pas d’yeux coloriés, mais le regard existe, l’attitude est naturelle et familière, la tête légèrement léonine. Nous aimerions caresser cet animal, mais accepterait-il cette marque d’affection ?
Est beau ce que l’on aime et, tel qu’il est, il a su séduire le maire de Dettey. En se rendant à sa mairie, il ne manque pas de lui adresser au passage quelques paroles amicales.
Nous comprendrons mieux cette sculpture quand nous posséderons quelques-unes des clés qui guident l’artiste dans sa démarche. D’ordinaire, ce breton, enseignant aux Beaux Arts de Quimper, travaille plutôt la résine. Il procède surtout par associations, en général association d’un animal et d’un objet.
Ici, à Dettey, les associations et les ambiguïtés auront été multiples et diverses.
Dans l’église du village, il est tombé en arrêt devant un Saint Hubert du XVIème siècle en bois polychrome, personnage traité de manière naïve, accompagné de son chien au regard triste.
D’où sa première idée ; associer à une sculpture ancienne une œuvre moderne, à une sculpture pieuse, placée à l’intérieur d’une église, une sculpture profane, située à l’extérieur, près d’une auberge.
Comment évoquer Saint Hubert, patron des chasseurs, des chiens, des forestiers et des enragés ?
Le choix d’un chat est équivoque. Cet animal, esprit indépendant, suppôt du diable au Moyen Age, remarquablement armé par la nature, n’est pas spécialement porté dans le cœur des chasseurs.
Mais ce chat est également un nichoir. Quel message l’artiste a-t-il voulu transmettre ? L’image du chasseur ami et protecteur de la faune ou celle du chasseur, braconnier fourbe, qui piégera sa victime ?
Comme vous le voyez, cette sculpture se prête à plusieurs lectures. A vous, au gré de votre humeur, d’en découvrir d’autres.
* La sculpture est posée à Dettey, à proximité de l’auberge, sur un mur latéral, face au château d’eau.

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