Sortie à Alésia

Nous sommes finalement 36 au départ, un nombre idéal pour profiter des commentaires de Rob mais un peu juste pour la répartition des frais de déplacement.
A peine sommes-nous installés dans le bus que notre guide attitré remonte dans le temps, bien avant la défaite d’Alésia, pour nous expliquer les origines de la guerre des Gaules. Il nous démontre également que le site d’Alésia ne peut pas être remis en cause.
Cette année, pas de panne. Heureusement car je me demande comment nous aurions pu tenir le programme tellement il était dense et minuté.
Tout a commencé par la visite de Flavigny, pas pour déguster les petits bonbons à l’anis mondialement connus mais pour lever le nez sur toutes ces façades et ces bâtiments d’époques très différentes.
Riche d’histoire et de son glorieux passé se dresse, imposante et fière, la cité médiévale fortifiée de Flavigny sur Ozerain, seigneurie d’Auxois en Bourgogne. On entre par la Porte du Bourg du XIVè siècle, en longeant un moment l’ancien hôtel particulier de Coutier de Souhey, beau bâtiment du XVIIIè, aujourd’hui devenu l’Abbaye Bénédictine St Joseph de Clairval. Flavigny, depuis la nuit des temps est habité et voué à Dieu.
Dès la période gallo-romaine « Flaviniacum » prend de l’importance, c’est le nom du lieu de Flavinius, propriétaire de cette terre. Les premières constructions du village datent de cette période : une « villa » à vocation agricole et artisanale, ainsi qu’un « castrum » dont il ne reste plus aujourd’hui de vestiges connus. 719, la terre passe sous domination burgonde directe : naissance de l’abbaye bénédictine St Pierre de Flavigny. (Restauration et remplacement d’une colonne Carolingienne) Avec les nouvelles modifications de l’abbatiale, les moines reçoivent le 22 mars 864, depuis Alise le transfère des reliques de Ste Reine, dans le but de les préserver de l’invasion Viking imminente.
Artisans et marchands vont s’y installer, d’où la richesse du patrimoine architectural civil dont témoigne encore le grand nombre des bâtiments érigés entre les XII et XVIIIè siècle. Au XIXè, prospère cité vigneronne, Flavigny devient Chef-lieu de Canton avec gendarmerie, justice de paix, perception, marchés et foires y fleurissent régulièrement. En 1848, le Père Lacordaire s’y installe avec son noviciat. En 1863, premier bourg de la région à être desservi en eau courante, l’électricité suivra bientôt avec la turbine du Moulin Chantrier.
Avec la fin du XIXè siècle, la population décroît lentement mais inexorablement. Le phylloxera arrête net l’exploitation du vignoble remplacé par près et champs. La construction et le passage du PLM aux Laumes accentue le déclin de la cité. Les deux guerres mondiales y prélèvent leur tribut en homme et en vie humaine.
Après la « Libération » la gendarmerie, la justice de paix, les symboles du chef lieu, sont transférés à Venarey les Laumes, déplaçant ainsi la tradition d’échanges vers la plaine
Nous entamons alors notre  pèlerinage  de 6 km en direction d’Alésia. Nous ne prétendons pas rivaliser avec les 700 amateurs de trail qui se mesurent sur 15, 30 ou 45 km. Nous nous efforçons de nous écarter pour les laisser passer. « Courage,  nous dit Rob, le pique-nique vous attend à l’issue de cette légère pente qui vous conduira en haut du col ». Légère, nous voulons bien mais à voir l’étalement du groupe, on peut penser que certains l’ont trouvée plutôt raide. Un coin de prairie idyllique vient récompenser nos efforts et nous nous affalons dans l’herbe pour avaler les sandwiches. Avaler est le terme exact car, rendez-vous oblige, il faut repartir au bout d’une demi-heure. Le soleil est estival en ces premiers jours  d’automne mais Rob sait nous captiver en faisant parler les pierres et nous supportons la canicule. Il nous a tout expliqué du siège auparavant dans un endroit ombragé.
César décide d'assiéger les gaulois en profitant de leur retraite improvisée. Afin d'éviter la tenaille dont il fut victime lors du siège de Gergovie, César fait preuve d'une exceptionnelle maîtrise de l'art du siège en entreprenant une double protection de lignes fortifiées :
l'une de 15km orientée vers l'oppidum pour résister aux tentatives de sortie des 80000 gaulois retranchés : la contrevallation,
l'autre de 20km orientée vers l'extérieur pour résister à l'armée de secours demandée par Vercingétorix aux autres peuples gaulois pour lui venir en aide : la circonvallation.
L'armée romaine est alors composée de 10 à 12 légions, soit près de 70000 légionnaires (dont certains étaient d'ailleurs des gaulois !).
Afin de gêner au maximum l'approche des enceintes, une série de pièges sont établis :
250 000 gaulois appuyés de 8000 cavaliers arrivent au secours de Vercingétorix environ 2 mois plus tard. Les 2 premiers assauts sont repoussés et le 3ème voit une implication de toutes les forces disponibles : les défenses sont enfoncées mais les cavaliers germains alliés des romains chargent et les troupes de secours, décimées, s'enfuient. Acculé, Vercingétorix se rend à César et sera assassiné en prison en 46. Cette défaite accélère la progression romaine : César se rend maître de la Gaule dans les mois qui suivent cette victoire.  http://jean-francois.mangin.pagesperso-orange.fr/romains/bataille_alesia.htm

 Après la traversée du village d’Alise Sainte Reine, nous regagnons le bus pour l’ultime étape de cette journée, le château de Bussy-Rabutin.

Le château de Bussy Rabutin est le reflet de la personnalité marginale et attachante de son propriétaire d'antan, Roger de Rabutin, comte de Bussy, cousin de Madame de Sévigné, auteur du très décrié « Histoire amoureuse des Gaules », qui fit scandale à la cour du Roi Louis XIV. Demeure d'architecture traditionnelle en quadrilatère avec ses quatre tours, ses douves et son jardin à la française, le château est en parfait état de conservation. Homme d'armes et de lettres, il est effet membre de l'Académie Française. Ce propriétaire quelque peu excentrique, dédie une grande partie de sa vie à sa carrière militaire qui le mène au grade de lieutenant du roi. Mais à cette époque où les rivalités et manigances au sein de la cour sont courantes, Roger de Bussy, à qui l'on prête des mœurs légères et dissolues, bien que reconnu pour ses talents militaires, ne réussira jamais à se faire accepter comme gentil homme. Embastillé plus d'un an puis relâché, la divulgation de son écrit « Histoire amoureuse des Gaules », chronique scandaleuse où il décrit, avec autant de malice que d'esprit, les mœurs galantes de la cour pendant la jeunesse du roi, lui vaudra les foudres du pouvoir. L'intérieur du château est en cela très intéressant, décoré par Roger de Bussy lui-même durant son exil forcé sur ses terres bourguignonnes en 1666 où il passera le restant de ses jours. Tout dans les décorations, reflète les sentiments et les réflexions de Bussy quand à cette disgrâce prononcée par Louis XIV. S'appliquant à décorer les salles de réception, il rassemble d'importantes galeries de portraits et devises. Sur ses murs, Bussy exprime ses ressentiments pour le roi, sa nostalgie de ses amours troubles. http://www.cityzeum.com/chateau-de-bussy-rabutin

Une promenade dans le parc conclut la visite sauf pour quelques malins qui avaient repéré une buvette placée fort à propos tout près de l’entrée.
Nous avons tenu les horaires et nous sommes de retour à Marmagne aux environs de 19 h 15.
Encore une fois, nous sommes enchantés de notre sortie mais il faut bien le constater : Rob est comme le bon vin, il se bonifie en prenant de l’âge, non pas intellectuellement, il a toujours été au top mais physiquement, marchant de plus en plus vite à moins que ce ne soient nous qui, le poids des ans se faisant sentir, avançons de plus en plus lentement.
En tout cas, nous avons déjà pris rendez-vous pour l’an  prochain.  

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