Autour de La Tagnière


GASTEROPO-INFO

Suite aux événements mystérieux survenus à La Tagnière le samedi 3 mai, un fidèle gastéronaute a eu la bonne idée de réaliser un micro-sentier dont voici quelques extraits :

« Ben, j’ai rien compris ! Il devait être 3h, 3h10, je rampais tranquillement sur une feuille de plantain quand, d’un coup, je sais pas ce qui s’est passé, je me suis senti décoller et l’instant d’après, je me suis retrouvé sous la tige d’une houque laineuse ! »
 

« Non, mais rendez-vous compte ! Je me suis levé aux aurores samedi matin, il pleuvait à seau, des nuages en pagaille, bref un temps superbe,  je devais aller voir un copain sur le talus d’en face. Vers 16h, j’avais quand même fait un tiers du chemin et puis paf, voilà pas qu’une espèce de grosse pince avec des espèces de tentacules me prend par la coquille et me soulève. J’ai eu beau résister, rentrer mes cornes, me coller tant que je pouvais à l’herbe, je me suis retrouvé au point de départ ! »

« Moi, je l’ai échappé belle, quand j’ai commencé à sentir des vibrations sous mon pied, je me suis planqué au pied d’un pentaglottis sempervirens, je suis rentré dans ma coquille fissa et j’ai plus bronché. Ni vu ni connu !  »

« Alors que je vous dise, c’était comme si j’avais consommé un champignon hallucinogène, vous savez, les beaux rouges à points blancs. Bon Dieu, quel trip ! Je ne me suis jamais senti aussi bien ! C’était comme si je m’envolais avec ma maison sur le dos ! Ca n’a pas duré longtemps, mais quel trip !»

« Je suis sûr que c’était encore un coup des extraterrestres ! Ils ont pas l’air méchants, mais qu’est-ce qu’ils ont à toujours vouloir nous faire aller où on veut pas ? »

 « Non, pas d’accord, c’est un coup des labos pharmaceutiques ! Il paraît qu’avec notre hélicidine, ils font des sirops contre la toux sèche. C’est broncho-relaxant qu’ils disent ! C’est un scandale ! Est-ce qu’on va manger leurs salades parce qu’elles  ont des propriétés relaxantes, nous ??? »

« Ah, j’en ai vu dans ma longue vie ! J’suis pas un escargot de l’année ! Bientôt 8 ans que je me traîne du côté de la Tagnière, jamais vu ça ! T’es là, tranquille sur l’herbe mouillée, tu  reprends ton souffle après les 7 cm parcourus - c’est qu’à mon âge, on a du mal à récupérer – et d’un coup tu sais plus où t’es ! »


« Les mauvaises langues disent que dans la famille on a un pouvoir de dispersion très faible avec des migrations n’excédant pas 6 mètres mais samedi on a fait fort, jamais on a été aussi loin et aussi vite ! Ouah ! »

Hélix  







C'est en 1814, Talleyrand, intendant de Napoléon, devait déjeuner avec le Tsar Alexandre Ier chez un restaurateur bourguignon du nom d'Antonin Carême. Or, ils furent tant en retard qu'il ne restait plus rien à leur servir. Le restaurateur, en panne d'idées, vit alors des escargots dans son jardin et décida de les servir comme de la viande. Il joua alors de quelques subterfuges : de l'ail pour "cacher le goût", du persil pour "adoucir la vue" et du beurre pour "faciliter la déglutition". Une ruse payante puisque le tsar plébiscita la recette. En rentrant chez lui, alors qu’il voyait partout en Europe ces mêmes escargots, il les dénomma « escargots de Bourgogne ».

« Si la cueillette de l'escargot de Bourgogne, que l'on trouvait jadis en grand nombre dans les vignobles bourguignons, est désormais réglementée, c'est que le gastéropode est devenu en 1979 une espèce protégée sous sa forme champêtre. D'après une synthèse consacrée à l'Helix pomatia par l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), l'espèce a beaucoup souffert de son « ramassage intensif » au XXe siècle. Dès 1916, le journal « le Bien public » de Dijon affirmait que « le sulfatage des vignes a eu pour conséquence la destruction partielle des escargots de Bourgogne ».
Outre l'utilisation accrue de pesticides et de désherbants, les escargots sauvages ont aussi beaucoup souffert de « l'arasement des talus, des haies, des murets de pierre et de l'assèchement des zones humides ». Bref, de leur zone d'habitat, comme bien d'autres espèces en voie de disparition. » extrait d’un article paru dans Le Parisien











 
 










 
 

Balade des escargots qui fêtent la pluie de mai
 
Le modérateur prend le risque d'être une des premières victimes du dispositif de captation massive des données de connexion dans le cadre de la nouvelle loi sur le renseignement.

 

La veille, 1° mai, il avait beaucoup plu. Un temps à ne pas mettre un travailleur dehors ; à la rigueur, des femen n'ayant pas froid aux yeux et un vieux chef de parti cacochyme n'ayant pas froid à l'œil. Profitant d'un répit entre deux perturbations océaniques, 13 Amuriens optimistes (inconscients?) se sont retrouvés sur la place de l’église de La Tagnière.

Courant de Chêne.

Il suffit de passer le pont enjambant le ruisseau des Planches pour admirer celles (les planches) de la sculpture musicale, appelée « Courant de Chêne », due à Will Menter. L'instrument n'est pas très bien accordé mais on peut moyennant quelques couacs interpréter « J'ai du bon tabac ». Pour l'électro-pop, préférer NRJ et pour la Symphonie Pastorale, France musique.
Quand souffle le vent, on peut entendre les lames de bois s'entrechoquer.

Les Berthiers.

C'est un gentil petit manoir du XIX° siècle à la tourelle style Belle au bois dormant version Disney. « Sans grand caractère » dit la littérature patrimoniale locale. On en ferait quand même bien son ordinaire, pourvu qu'on aime vivre loin du siècle et près des vaches.
 
Nous empruntons  un joli chemin bordé de houx dont certains ont pris des proportions impressionnantes. Au lieu-dit « Place Bouquin » (s'y tenait-il une foire aux livres ? plutôt aux chèvres, me souffle Daniel), des troncs d'arbres sont empilés, prêts à être expédiés on ne sait où, peut-être en Chine pour revenir sous forme de meubles de pacotille. Plusieurs parcelles de feuillus des alentours ont été exploitées (voire dévastées) pour faire place aux douglas.
 
 

Nous cheminons par les sentiers ornés de talus tapissés de compagnons roses et de la désormais célèbre pentaglottis sempervirens,  star incontestée du blog.

 

Saluons au passage  la fougue de Bernard dans sa lutte sans merci contre la renouée du Japon, n'hésitant pas à braver la fureur nippone, et à risquer  un incident diplomatique avec l'empire du soleil levant.
La petite route de La Brême permet de rejoindre le sentier de l'étang de la Bise ; dans les prés avoisinants, les chevaux nous regardent passer d'un œil bienveillant ; un peu plus loin, un troupeau de vaches et leurs petits accourent vers nous. Tout cela est bien bucolique, ma foi.
 
On approche du hameau du Treuil (prononcer « TLLRREEUU » : de nouveau nous attend un charmant paysage champêtre, à condition de ne pas trop voir sur la droite une colline ravagée par les bûcherons (pardon, Noël, je sais que ces mots te font mal).
Au débouché du chemin, on peut apercevoir le domaine de Chèvre-Loup. Une cohabitation, autre que lexicale, hautement improbable.                                                                                                                          A 16h50, soit avec 10 minutes d'avance sur les prévisions météo, voici les premières gouttes qui ne nous empêcheront pas de poursuivre notre circuit en nous dirigeant vers le château de Champignolle. Les marcheurs auront pris soin d'ouvrir leurs parapluies aux baleines déglinguées ou de revêtir les superbes tenues de pluie sans lesquelles les randonnées perdraient une grande partie de leur charme.
 
Champignolle est un beau château classique, dans le style Moulinsart ; le capitaine Haddock du lieu est  Monsieur de Contenson . Les châtelains bichonnent amoureusement une superbe collection d’iris. Chaque année, au printemps, ils organisent avec « Les Amis de La Tagnière » une visite des jardins ; cette année, les portes ouvertes se tiendront les 23, 24 et 25 mai.
 
 
Ce domaine de Champignolle est un miraculé de la Révolution. En tant que bien d'émigré, il fut mis sous séquestre. La municipalité renonça à le démolir, à cause du coût élevé de l'opération et envisagea d'en faire le siège de la mairie et de l'école. Finalement, le domaine revint à l'oncle de l'émigré qui, lui, avait eu le bon goût de ne pas s'expatrier. La République est bonne fille.
 
Et les escargots, me direz-vous, ceux qu'on nous fait miroiter dans le titre ? Ils étaient bien présents, ces braves gastéropodes, fierté de la Bourgogne. Par douzaines, des gros, des moins gros, des blancs, des marron, des paresseux, des pressés (pas trop quand même), des suicidaires qui se précipitent sous nos pas et finissent dans un sinistre craquement, des grégaires rassemblés sous une large feuille pour un mystérieux colloque, des timides retranchés dans leurs coquilles, des impudiques tête-bêche soucieux de perpétuer l'espèce. Certains ont pâti de notre passage mais dans l'ensemble nous avons veillé à préserver leur intégrité. Lire sur « Gastéropo-info » les états d’âme d’un fidèle gastéronaute.
 La promenade s'est achevée par la traversée du centre-ville trépidant de La Tagnière. Une réconfortante collation à base de pain d'épice et de madeleines  nous permit de récupérer les 800 kilocalories perdues lors de la rando.


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