Week-end dans les Alpes

Le Reposoir, jour 1.

8h30, ce vendredi 8 mai : les troupes amuriennes prennent la direction de l’est avec à l’esprit la  perspective de gambader sur les pentes alpestres. Trois heures et demie plus tard, les plus rapides voient se profiler la silhouette du vaste chalet du domaine de Fréchet au Reposoir que Michel a retenu parmi une dizaine de possibilités.

 
Midi : Accueil sympathique, installation et pique-nique sur une terrasse un peu ventée. Chacun est satisfait de sa chambre même si, pour les couples, il faut escalader 3 étages. La congrégation des filles et le patriarche logent au premier.
14 heures : le col des Annes et non des ânes semble un but raisonnable pour une prise de contact avec la montagne. Nous nous élevons rapidement car la pente est raide par endroits. Bob, ennuyé par un tendon récalcitrant est contraint de faire demi-tour, accompagné de Monique.
 

 
Un peu plus tard, Martine réalise que sa voiture bloque celle de Bob. Pas question de l’obliger à attendre notre retour pour qu’il regagne le gîte. Les portables lancent des appels restant sans réponses quand, enfin la communication peut s’établir.
Nous sommes à proximité d’une ferme d’alpage. Deux personnes s’y affairent. Martine et Geneviève les sollicitent pour être redescendues et miracle de la solidarité montagnarde, leur demande est couronnée de succès.  

 
Nous, nous continuons sans un réel enthousiasme car la pluie, comme prévu par la météo, s’est invitée. Elle prend un malin plaisir à cesser 5 minutes, le temps de quitter notre harnachement, pour reprendre de plus belle. Un peu découragés, nous buttons sur le Nant du Dard gonflé par le déluge du 1er mai et des jours suivants. Nous revenons sur nos pas après avoir marché quand-même 3 bonnes heures.

Une douche réconfortante (chaude cette fois) plus tard…
Nous apprécions le pot de bienvenue. Et le menu qui s’ensuit. La tartiflette est excellente et la verdure qui la précède, appréciée. Mais ne donnons pas trop de place aux repas, vous allez croire que nous sommes un club d’anciens. Insistons surtout sur les parties endiablées de 5000 et d’uno aux rebondissements imprévus qui arrachent tour à tour des lamentations déchirantes ou des exclamations délirantes de joie.




 
Le Reposoir, jour 2.
 
 
C’est celui qui compte le plus car il permet une journée entière de randonnée. L’infortuné Bob est promu intendant et il se chargera, toujours supporté par Monique, d’apporter les pique-niques au lieu-dit St Bruno.
Des nappes de brouillard viennent bien voiler les sommets de temps à autre mais nous sommes assurés d’avoir une journée sans pluie.



Le circuit du balcon du Bargy avait retenu notre attention depuis quelques lustres.








Nous partons à pied du gîte situé à 980 m et après deux lacets sur la route du col de la Colombière, nous empruntons un sentier en sous-bois qui grimpe allègrement. Il y a  ceux qui marchent bon train, ceux qui bavardent et ceux qui observent. A chaque halte, nous subissons un feu roulant de questions : la soldanelle, vous l’avez vue ? Et le tapis de crocus sur la gauche ?... Heureusement des espions à notre solde précèdent les magisters et soufflent les bonnes réponses.




 



 
Aux chalets de la Forclaz, nous croyons être à deux pas du sommet. Erreur, nous sommes seulement à 1314 m.
 
 
 
 
 
 Il reste un peu plus de 300 m de dénivelé pour espérer atteindre le point culminant de la journée ; la pente se fait de plus en plus abrupte et le sentier de plus en plus caillouteux.
 
 
 
 
 
 
Nous voici enfin au sommet. Le bruit du bouchon arraché à la bouteille apportée par Jean résonne comme un coup de canon  et rassemble le groupe. Tout émoustillés, quelques-uns esquissent des figures de ski sur un névé épargné par les eaux du ciel.
 

 
 
Nous entamons la descente. Nous sommes sous les barres rocheuses de la chaîne du Bargy. Une grotte aménagée en lieu saint mais qui nécessiterait un détour en forte montée nous laisse de marbre car les estomacs crient famine avec insistance. La Cha, le magnifique gîte d’étape de la Malatrait sont autant de jalons qui nous rapprochent des chalets de St Bruno où nous attendent Monique, Bob et le ravitaillement. Installés de chaque côté d’un sentier sur une banquette herbeuse, nous n’arrivons pas à venir à bout du copieux repas froid que notre hôte nous a préparé.  
 




 
 
Alors que 5 courageux optent pour la découverte de la Boucherie (c’est le nom d’un hameau qui se révélera sans intérêt) les autres décident de rentrer. Pas par la route directe, ce serait plus court mais tellement banal, ils choisissent le détour par la Côte David et les chalets de la Touvière. Daniel avait évoqué un chemin boueux descendant et nous nous retrouvons sur une petite route goudronnée et montante. Lui-même est vaguement inquiet, cependant le balisage est sans équivoque. Les chaussures commencent à peser sérieusement quand, après un virage en épingle à cheveux, le sentier descendant et boueux se manifeste enfin. Et en matière de boue, nous sommes servis.



 
Deux fonds de pantalon et des mains salies en sont la preuve indubitable. Une pente traîtresse et malaisée nécessite de la part de chacun imagination et style innovant pour en déjouer les pièges.
Mais à la sortie de la forêt, c’est l’émerveillement. L’architecture harmonieuse et sobre de l’ancienne chartreuse du Reposoir s’intègre parfaitement dans le paysage.



 
Il reste quelques hectomètres à parcourir et le scénario de la veille devrait se reproduire : apéritif, repas, jeux.
Par réapparition d’un atavisme typiquement morvandiau mais ce n’est pas certain, hommes et femmes se retrouvent chacun de leurs côtés. Pour une fois, les mâles ne font pas la loi quant au nombre de décibels s’élevant dans la salle. Il est vrai qu’à huit contre treize, ils ont de la peine à se faire entendre. Mais nous replongeons dans le 21ème siècle après ces espiègleries dignes d’une comédie de boulevard.
Ce soir, ce sont diots au vin blanc et crozets au Beaufort.
Voici la recette pour ceux que cela intéresse.
Ingrédients (pour 8 personnes) : - 8 saucisse (diots) de Savoie nature
- 1
oignon et demi
- 25 g de
beurre
- 75 cl de vin blanc (Type Jacquere ou Chardonnay)
- 800 g de
crozets
- 200 g de beaufort
- crème
- farine
- fond de veau
Préparation de la recette :
Découpez les diots en trois.
Dans une cocote en fonte, faites fondre le
beurre puis faites griller les morceaux de saucisse. Réservez.
Emincez les
oignons et faites-les revenir dans le jus des diots (pour les gourmands). Quand les oignons sont biens colorés, remettez les diots et ajoutez les 75 cl de vin blanc (de Savoie de préférence!). Laissez mijoter à feu doux et couvert environ 1 h.
Pendant ce temps, dans un faitout avec environ 3l d'eau à ébullition, faites cuire les 800 g de
crozets environ 20 min. Ensuite passez-les sous l'eau froide et réservez dans une passoire.
15 min avant de passer à table, liez la sauce des diots avec 1 cuillère à soupe de fond de veau et 1 à 2 cuillères à soupe de farine (suivant que l'on aime la sauce plus ou moins épaisse). Laissez mijoter le temps de préparer les
crozets.
Râpez le beaufort ou coupez-le en fines lamelles. Remettez les
crozet dans le faitout avec un fond de crème (pour ne pas que ça colle).
Lorsque les
crozets sont à bonne température, incorporez le beaufort, et laissez-les fondre quelques minutes en remuant.
Et voilà vous pouvez passer à table...et n'oubliez pas que si jamais il y en avait trop, c'est encore meilleur réchauffé ! Bon appétit !
La soirée se termine comme celle de la veille entre lamentations et cris de victoire aux tables de jeux. Seuls, trois joueurs occupés à jouer au triominos déplorent ce vacarme qui nuit à leur concentration.
Le Reposoir, jour 3.
Il faut déjà penser au retour, trier le linge sale, ne rien oublier, enlever drap et housse de couette. Nous allons pourtant profiter de ce dimanche lumineux pour une ultime balade. Les bagages regagnent les coffres et nous allons au sommet du col de la Colombière. Une halte s’impose à la fromagerie du village.



Nous sommes bien un peu inquiets sur l’état du reblochon à l’arrivée après un séjour dans l’habitacle bien tiède des voitures.
Michel pense qu’un aller et retour à la grotte de Montarquis est tout à fait dans nos cordes. Nous voici partis mais au chalet de la Colombière une autre possibilité nous paraît bien séduisante : celle d’atteindre le lac de Peyre perché à 2000 m.





 Nous nous informons. C’est l’affaire d’une heure nous affirme une personne que nous aurions dû examiner de plus près. Nous saurons qu’un individu revenant à 9 heures de sa sortie, jeune de surcroît, sans un pouce de graisse et équipé du strict minimum n’est peut-être pas la référence à choisir pour renseigner un groupe plutôt âgé, portant des sacs pas vraiment légers et dont les genoux de quelques-uns manifestent leur mauvaise humeur.

 
Bientôt, il faut franchir des cailloux de taille respectable, ne pas glisser sur le sol argileux et humide, se méfier des névés ramollis et… grimper.
 

 
 
Une pierre, détachée d’une paroi, passant à quelques décimètres de  nous vient perturber notre sérénité. Déjà, beaucoup pensent avec inquiétude à la descente. Mais vivons le moment présent.





Des bouquetins se déplacent sur une crête. Ils sont même tout proches. Michel prétend qu’il aurait pu en caresser un. Nous verrons d’autres hôtes, des marmottes faciles à localiser par leurs sifflements, des choucas effrontés attendant leur pitance au moment du pique-nique, peut-être des chamois mais ils sont vraiment loin. Nous le découvrons enfin, ce Mont Blanc dominant toute la chaîne dont des autochtones nous détaillent les principaux sommets.

 
 
Le but est enfin atteint. Il nous aura fallu quasi 2 heures. Il est à peine midi. Des zones sèches, un soleil tiède, un lac encore bien enneigé sont autant d’arguments pour que nous déballions les sandwiches dans ce cadre impressionnant.



 
 Nous ne sommes pas seuls. Des familles avec de jeunes enfants ont tenté l’escalade. Nous ne nous attardons pas trop car la neige fond et le ruissellement peut contrarier nos appuis. Pascal et Michel seront les anges gardiens des plus timides d’entre nous.
Chacun à son rythme rejoindra un terre-plein sur lequel nous nous regrouperons pour une arrivée aux voitures en bon ordre.
 
 
 
 
Il n’est que quinze heures mais il faut songer à se quitter. Une amitié faite de respect, de solidarité et de tolérance s’est créée au fil des années et nous apprécions ces moments qui nous font oublier l’égoïsme, la violence et le sectarisme de la société tels qu’on nous les présente aux informations.
Quelle destination choisirons-nous l’an prochain ? Pourquoi pas la même car l’hébergement était agréable et nous avons encore de nombreuses pistes à explorer.

 
 
Texte, Daniel. Photos, Geneviève, Michel, Catherine, Daniel
 
 
 
 



Le groupe sur les sommets



Marmotte aux aguets

Michel tout près d'un bouquetin
Photos de Ghyslaine et Pascal


 
 

1 commentaire:

Unknown a dit…

Belle escapade, un seul regret : n'être pas de la partie cette fois-ci. Bon rétablissement à Bob.
Bernard K.