Cyril, 13 ans, pas de classe ce jeudi.

Le collège est centre d’examen, je ne suis pas concerné. Je risque d’être à la rue. Noël va se charger de ma petite personne. Je monte dans son C15 ; dans le coffre une tronçonneuse partage l’espace avec différents outils : destination les « beurches ».  Et voici comment je me retrouve en compagnie de quatre Séniors (j’écris sénior parce que je suis bien élevé).

Il y a le Dan que j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer, d’habitude il a un vouge mais aujourd’hui il exhibe une tronçonneuse flambant neuve. C’est surement du sérieux. Il y a aussi le Jacques, apparemment le chef car il sort de sa poche de veste un demi-décamètre à enrouleur et il commence à arpenter le terrain et à toiser des acacias. En réalité ce sont des robiniers faux acacias. Arrive le quatrième larron juché sur un mini tracteur car il paraît que l’on va emprunter des sentiers étroits et malaisés. C’est le Daniel. Il restera la plupart du temps scotché à son siège. Il dit qu’il a mal à un talon ce qui doit être vrai car il boîte méchamment.

Les grandes manœuvres commencent par une séquence exploration. Les trois valides disparaissent dans un profond ravin, se frayant un chemin parmi des orties gigantesques qui prennent un malin plaisir à leur rappeler qu’elles sont urticantes. Finalement, leur choix se porte sur trois arbres situés au bord de la route.

Alors là, chapeau ; le Noël et le Dan les font tomber pile poil où ils le souhaitent sans même effleurer les fils téléphoniques pourtant tout proches. Le Noël ne s'est même pas énervé quand le lanceur de sa tronçonneuse s'est rompu. Mais je sais que c'est un calme. C’est au tour du Daniel de tirer les arbres, commandé par le reste de l’équipe. Le Jacques brandit son mètre mais Noël le devance. En 3 foulées il a ajusté les 3,50m et d’un coup de tronçonneuse il vous découpe le premier longeron destiné à la réalisation d’un ponton. Il enjambera la zone humide à laquelle Brigitte tient comme à la prunelle de ses yeux car elle permet le développement de nodules à frankia fixés sur les racines d’un aulne. Je lirai cela plus tard sur le panneau planté à proximité. Le Jacques vérifie la mesure. Il n’en revient pas. Pile 3,50m.

Tout ne va pas pour le mieux car les cordes amenées à tout hasard ont quelques décennies d’utilisation et elles se rompent à plusieurs reprises.

Les quatre longerons sont enfin prêts. Les restes des arbres coupés feront des piquets toujours utiles.

Le Dan fixe l’extrémité des morceaux de bois sur la benne du tracteur délestée de sa fermeture. L’autre extrémité traîne sur le sol.

Le Daniel n’est pas rassuré. Les dévers l’inquiètent. Il n’aimerait pas se renverser en passant sur un rocher ou en s’engageant dans une saignée. Mais il est bien conseillé et il n’en revient pas des capacités de franchissement de sa monture.

Il faut se frayer une trouée pour accéder au site. Le Noël jubile en abattant quelques sapins qui gênent le passage. Il assouvit une haine farouche vis-à-vis de cette engeance qui a envahi nos forêts de feuillus.

Sur place, le Dan pense que les perches de châtaigniers qui poussent à proximité auraient bien pu faire l’affaire. C’est ce que je crois comprendre à suivre son regard.

Le retour se passe sans histoire. Je n’ai pas droit au muscat qui clôt l’expédition et le Daniel me gratifie d’un sirop de cassis qu’il doit plutôt associer d’habitude à du blanc plutôt qu’à de l’eau.

J’ai découvert que les vieux savent encore s’amuser. Simplement, les tronçonneuses remplacent les ballons et le tracteur vaut bien un VTT pour se créer des sensations en tout terrain.

 

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