La sortie de ce
dimanche 16 septembre fut emblématique de la conception de la randonnée dans
notre association.
Nous voici 23 sur la
vaste place centrale de Saint Léger sous Beuvray. Nous formons un groupe suffisamment
important pour susciter la curiosité des personnes que nous rencontrons et
relativement modeste pour que chacun d’entre nous puisse échanger avec tous les
participants.
Le ciel est bleu, la
température idéale pour nous inciter à démarrer à bonne allure. Après un petit
crochet pour éviter la départementale, nous gravissons la côte importante qui
se termine à proximité de la Maison du Beuvray, ce havre de calme qui accueille
de nombreux stages, en particulier de chant choral et de musique. Le temps de
prendre une photo du bourg, je suis
distancé et pas question, comme dans les marches douces de recoller rapidement
au groupe. Nous empruntons sur la droite juste
après la Maison du Beuvray un sentier boisé qui serpente sur les flancs
de la Montagne de sous le Bois pour arriver à la ferme de Charconnet. Nous
pourrions éviter 800 m de route goudronnée si la voie qui part à proximité du
carrefour avec la RD 61 ne se terminait pas dans des prés. Nous voici de
nouveau sur un chemin de terre mais au lieu de suivre comme au printemps
dernier la pâture du Jour, nous obliquons à gauche dans la montagne du Point du
Jour. Un homme, armé d’un croissant, nous préférons dire d’un vouge, coupe des
ronces. Il prépare le terrain pour les battues à venir. La chasse a ouvert
hier C’est une connaissance de Daniel, notre maître
à tous dans l’art de se servir de cet engin. Nous évitons le hameau de la Peux
et faisons une halte au mont de Fer. Nous ne sommes pas tout à fait à
mi-parcours mais l’endroit est agréable avec quelques rochers pour que les
moins habiles puissent se relever facilement. La brioche de Marmagne connaît
son succès habituel. Lors de la reconnaissance nous avions été séduits par le
large chemin qui allait tout droit. D’ailleurs les premiers s’y engagent déjà.
Non, il faut suivre le petit sentier à gauche. Nous sortons de la forêt. Le
panorama est assez vaste et les prés bien jaunâtres. A la Pryelle, nous
tournons si nettement à droite que nous avons l’impression de revenir sur nos
pas. Nous nous engageons dans un vallon ombragé au fond duquel coule le
ruisseau de Bussy que nous remontons jusqu’à l’étang de Poisson dit également
des Gaulois. L’ancien moulin est transformé en gîte et seuls les clients
peuvent profiter du rivage. Nous en sommes réduits à marcher sur le goudron qui
commence à échauffer les chaussures. Soudain, nous sommes intrigués par une
bizarrerie. Nous n’en croyons pas nos yeux mais cet arbre a bien été attaqué
par des castors. La coupe est nette et le tronc ne tient plus que par un disque
circulaire de quelques centimètres. La présence de ces constructeurs de barrage
nous réjouit plutôt. Nous sommes tentés de faire le rapprochement avec l'origine du mot Bibracte encore assez
mal connue. Ce terme est sans doute issu du celtique
*bibro- / *bebro- (bièvre, castor) suivi du suffixe collectif -akti (cf.
irlandais, gallois aktā)
Nous avons parcouru 11
km et nous arrivons au hameau de Molnet dont certaines maisons se rénovent avec goût. Nous
attaquons l’ultime côte qui doit nous ramener à Saint Léger. Nous supputons l’âge
d’un châtaignier abattu mais nous n’avons pas le temps de compter les cercles
de sa croissance d’autant que nous ne sommes plus qu’à quelques hectomètres des
voitures, du pique-nique et de la fin de notre première étape, partie sportive
de la journée. Nous avons parcouru 12,8 km, verdict annoncé par Noël.
Claudine nous attend.
Quelques-uns nous quittent. D’autres arrivent. Dommage que les tables de
pique-nique soient à deux extrémités de la place. Nous sommes obligés de nous
scinder en deux groupes. Nous n’insisterons pas sur le repas, c’est comme
d’habitude et comme d’habitude je peux remballer ma brioche qui vient de
Leclerc. Il y a tellement mieux. Je peux me rattraper avec mon café que les
convives déclarent excellents, par politesse ou par sincérité ?
Il nous faut songer à
la deuxième étape qui nous conduira à la Pâture du Couvent, à mi-hauteur du
Beuvray. C’est la partie artistique avec un concert de musique ancienne de très bonne qualité donné par
ODO Ensemble (Claire Mérigoux au chant et Martin Bauer à la viole de gambe). C’est
une manière originale de nous introduire dans cette période des 14 et 15èmes
siècles qui correspond au début de l’existence du couvent des Cordeliers.
Nous sommes au bord
d’un ancien plan d’eau recouvert par la végétation mais son vert soutenu
témoigne de la présence de l’humidité.
Ces airs très doux,
après la marche du matin, sont relaxants.
Une heure plus tard
débute une troisième étape, historique celle-ci. C’est une visite-conférence par Patrice
Beck, professeur honoraire en Histoire médiévale à l’université de Lille,
responsable de la fouille du couvent. Malgré le soleil qui tape dur, nous
tiendrons le coup jusqu’au bout car l’allocution nous tient en haleine mais
comme souvent lorsqu’il y a abondance d’informations, j’aurai recours à
internet pour résumer ce qui a été dit.
« La présence
humaine sur le Mont Beuvray n'a pas cessé après Bibracte. Les recherches
entreprises entre 1989 et 1998 sur la Pâture du Couvent en apportent de nouveaux
et puissants témoignages qu’un ouvrage récent détaille et analyse. Sur les
vestiges antiques abandonnés dans les premières décennies du 1er siècle,
huit phases d'aménagements se succèdent ici, entre l'Antiquité tardive et la
première moitié du XVIIIe siècle. Ce sont d'abord quelques traces fugaces mais
certaines d'un ou deux bâtiments appuyés sur les ruines gallo-romaines et
datables des 4-7èmes siècles. C'est ensuite, au XIIIe siècle, la
construction en deux temps principaux des bâtiments d'une grosse ferme
dépendant très vraisemblablement des Bénédictins d'Autun qui exploitent alors
des terres et desservent la chapelle Saint-Martin. C'est enfin, dans les
dernières décennies du XIVe siècle ou au début du suivant, l'installation d'une
communauté de frères Franciscains qui y élève progressivement un couvent qui
subit de nombreuses transformations marquées notamment par deux incendies au
XVIe siècle. L'établissement est déclaré comme désert en 1699, sa vente est
consommée en 1737. L'organisation générale, dans la complexité de ses diverses
composantes, est bien conservée. Les techniques et les matériaux de
construction successivement utilisés s'y révèlent parfaitement. Les mobiliers
associés (terre cuite, métal, verre) constituent des corpus abondants et
diversifiés, notamment pour le XVIe siècle. Entreprendre sur ce gisement une
étude approfondie, tant archéologique qu'archivistique, c'était répondre
d'abord à l'exigence de prendre en compte l'ensemble de l'histoire du site :
Bibracte-Mont Beuvray n'a jamais cessé d'être un lieu de pratiques mémorielles,
entre la guerre des Gaules et les campagnes archéologiques du Centre
archéologique européen. Ce fut aussi la possibilité d'étudier, au mieux,
l'organisation et les aménagements d'un couvent franciscain hors des
contraintes urbaines qui pèsent généralement sur les implantations de cet ordre
religieux. En tentant enfin de savoir pourquoi des frères Cordeliers, plus
habitués aux ambiances urbaines et aux cours princières, s'étaient installés en
ce lieu sinon isolé du moins très rural et retiré, l'enquête n'a pas fait que
rencontrer l'histoire locale. Sans doute remplacent-ils les Bénédictins pour
assurer une présence ecclésiastique sur cette montagne qui accueille chaque
année foires et rogations. Mais les frères sont des Colettins, chargés de
desservir les établissements de Clarisses que Colette de Corbie (1381-1447)
réforme ou fonde, de la Comté d'outre-Saône au Berry d'outre-Loire et, parmi
eux, s'est glissé un espion du type de ceux qui prolifèrent alors en ces
contrées de frontières au temps du conflit entre Bourgogne, France et
Angleterre... C'est donc aussi d'histoire générale, de l'Ordre franciscain et
des relations entre principautés, que traite le conférencier à travers les
résultats de vingt années de fouilles archéologiques, d'analyses des
découvertes et de recherches contextuelles. »
AMUR a démontré une
fois de plus à l’occasion de ces journées du Patrimoine qu’il est un peu plus
qu’un simple club de randonnées.
Vues de Saint-Léger-sous-Beuvray.
Au hameau de Chardonnet, les ânes ont eu droit à des caresses.
Quand nos Attilas rencontrent un homme au "vouge".
Maison isolée au hameau de La Peux.
La pause casse-croûte au mont de Fer. Nous sommes à peine à mi-parcours.
Nous quittons la forêt.
A la Pryelle, nous tournons franchement à droite.
L'étang de Poisson.
Molnet.
Au sommet de la dernière côte importante.
Quel âge, ce châtaignier ?
Le pique-nique.
Le concert.
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