Marche douce à Marmagne.

 Nous partîmes 15 du stade du Chambon, mais par un prompt renfort nous nous retrouvâmes 22 en arrivant sur la route de la Croix Blanchot. Ce pitoyable plagiat inspiré par un court extrait du Cid (1) tient-il en haleine votre curiosité ? L’explication est simple ; 5 âmes en peine qui n’ont pas trouvé le complexe sportif, lasses d’errer dans le village désert sont regroupées devant la salle réservée aux associations et un couple bien informé sait que la randonnée passera devant leur habitation. Notre groupe augmente à chaque sortie. Toutes activités confondues, nous sommes maintenant 71 adhérents à AMUR, un chiffre égalant presque nos statistiques d’avant covid. Nous empruntons maintenant un chemin plat mais boueux ce qui n’a rien d’anormal en cette saison. Il est bordé de quelques chênes majestueux, véritables transmetteurs d’ondes bénéfiques et énergisantes pour qui étreint leurs troncs rugueux. D’autres arbres dévoilent leur squelette torturé par les intempéries ou la main de l’homme. Un ruisseau coupe le parcours. Une passerelle en bois conçue il y a une vingtaine d’années lors du regain d’intérêt pour la randonnée évite les bains de pied. Nous ne prendrons pas une photo du petit oratoire, vestige restauré de la chapelle du hameau de Saint Sulpice, nous l’avons mitraillé des dizaines de fois. La chapelle était autrefois beaucoup plus considérable mais elle fut mise à sac pendant la Révolution car des fidèles y venaient en cachette entendre la messe depuis Broye. Catherine saisit sur son téléphone une plaque explicative. Le hameau de Saint Sulpice était jadis un véritable village situé à proximité d’une butte de défense gallo-romaine et du château des Peaudoie. L’origine de Marmagne (Marmanica en 873-876) dériverait de Marcomania dont le nom rappellerait l’installation sur les bords du Mesvrin d’une colonie de Marcomans, barbares originaires de la région du Main en Allemagne. (Roland Niaux, notes sur l’histoire de Marmagne). Marmagne est également un nom de famille pour 2169 porteurs de ce nom surtout dans l’Yonne et le Loiret. Nous prenons de la hauteur. Les haies basses taillées mécaniquement annuellement remplacent les bouchures plessées rabattues tous les 10 ou 15 ans. Plus loin, nous dominons la vallée du Mesvrin, les villages de Marmagne et Saint Symphorien. A l’arrière-plan la Certenue occupe l’horizon. Nous voyons plus d’animaux que d’humains. Un cheval s’approche. Vient-il nous saluer ou se faire admirer ? Un chien podologue ausculte consciencieusement nos pieds. Il ne nous révélera pas son diagnostic. Nous intriguons un chat immobile au regard énigmatique. Des coqs se défient en coqueriquant à qui mieux mieux pour affirmer leur suprématie sur l’ensemble du poulailler. Nous longeons un court instant la départementale que nous quittons avec soulagement pour suivre un sentier propre et plat qui longe le Mesvrin. Il nous amènera à notre point de départ. Nous traversons la rivière sur une passerelle métallique. Leur modestie dut-elle en souffrir, nous rappellerons que c’est de cette base que Jacques et Marie-Thérèse entreprirent en leurs vertes années une descente à canoë qui les conduisit jusqu’à Nantes où ils reçurent un accueil officiel du Maire de cette ville. Il n’y a ni boissons ni gâteaux à l’arrivée mais des au-revoir chaleureux qui comblent notre soif d’affection.
(1) Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. (Corneille, Le Cid)



















Aucun commentaire: