Dix pour un Huit de Sept.


A 13h25, nous quittons les chaussures de randonnées pour enfiler des bottes. Nous nous encombrons de parapluies, d'anoraks, de capes de pluie. Précautions qui se révéleront inutiles, le ciel prenant un visage de plus en plus serein dans la demi-heure qui suit pour nous permettre une randonnée agréable.
Nous sommes 10. Le parcours de 7 km fait un 8.

Nous accueillons trois convalescents. Ils tiennent à tester leur forme. Le parcours vallonné s'y prête.
Nous suivons une combe qui nous amène au hameau des Theurets vide de toute vie. A Rivière, le Zoom est sur son tracteur. Il en descend. Noël lui propose de nous faire profiter de la benne attelée derrière l'engin pour traverser le ruisseau qui coule en contrebas. Ce n'est pas sa direction mais il nous charge, dans un langage qu'on peut qualifier de direct, de rappeler à l'autorité compétente que la passerelle mise en place il y a bien longtemps est hors d'usage et qu'il faudrait agir.
Finalement, le ruisseau se franchit sans encombre. Un chemin creux nous permet de rejoindre notre point de départ pour entamer la seconde partie du trajet. Une bétaillère s'arrête à notre niveau. Daniel connaît la conductrice. A mon avis, il doit y avoir des chevaux pas très loin. Gagné ! Nous faisons une halte prolongée près d'une maison isolée représentative de l'habitat traditionnel et repartons pour passer près de l'Etang de la Bise qui n'existe plus et arriver après un kilomètre de montée raisonnable à nos voitures.
 Cette cure de calme, d'air frais et de saine fatigue n'aura rien coûté à la Sécurité Sociale. Encore mieux que les remèdes génériques ! 

 

 




 
 



Sortie à Cluny du 22 septembre


La relation ô combien détaillée de la sortie par Catherine influencée par son passage sur le chemin des pèlerins.

SORTIE A CLUNY organisée par Frère Roger.

Liturgie des heures du samedi 22 septembre, an de grâce 2012.

MATINES :
8èmeheure de la nuit, trop tôt pour que se lèvent et prient, à la lueur de la bougie, les 35 bénédictins et bénédictines inscrits. Tous dorment sans doute encore du sommeil du juste.
LAUDES :
On s'apprête à quitter sa cellule et à prendre la première frugale collation .
.Prime:
8h, on se rassemble à la gare de Marmagne où nous attend le car et où nous rejoint notre guide spirituel ,l'abbé Rob, coiffé de son stetson de cuir, armé de son grand bâton de marche et de sa bible noire.
  • Tierce :
9h, Gourdon , on visite l'église Notre-Dame de l'Assomption, édifice roman du 12ème siècle bâti sur l’emplacement d’un ancien monastère du 6ème. Seule sa tour clocher n'est plus romane mais date du 19ème. A l'intérieur, Rob raconte les fresques restaurées représentant des scènes bibliques telles que "les pèlerins d’Emmaüs", "l’Annonciation" et "le Christ en Majesté" . On compte une centaine de ravissants chapitaux sculptés.

Du Mont Saint Vincent à environ 600 m d'altitude, on pourrait voir par temps clair, toute la chaîne des Alpes mais le village semble flotter dans un océan de brume, de bruine et de nuages. C'est un lieu fortifié de longue date, on y a découvert des objets gallo-romains, témoignages de l'existence d'une villa romaine et d'une église chrétienne. Le prieuré clunysien du début du 14èmeest abandonné en 1506.
Pas de clocher à l'église de la fin du 12ème mais une tour porche massive qui compense l'absence de contreforts latéraux. Saviez-vous que des voûtes en plein cintre s'épaulent les unes les autres ? Saviez-vous qu'une absidiole peut être en cul de poule, une voute en cul de four ? Avez-vous déjà levé les yeux pour voir des modillons sculptés ?...
Rob nous guide dans les ruelles du village et le long des remparts.
Le Grenier à Sel abrite aujourd'hui un petit musée. Que diriez-vous d'aller séjourner à la maison de retraite Bardot (non, pas Brigitte mais Emmanuel !) construite sur l'emplacement du château féodal ? A moins que vous ne préfériez imiter les protestants qui, pendant les guerres de religion, pratiquaient , à l'insu de leur plein gré, le saut à l'élastique sans élastique du haut de la tour de l'Assommoir ?

10h ,on reprend la route. Dans les prés, quelques charolaises impassibles regardent passer le car, faute de train.
A Salornay, on quitte la départementale pour une charmante petite route qui nous conduit au point de départ de notre randonnée. Et nous voilà sur le Chemin des Pèlerins, GR 76 c, précédés ( de loin ! ) par Rob. Il avance à grands pas sur ses longues jambes et jamais ne trahit le moindre signe de fatigue . On le suit tant bien que mal, encouragés toutefois par une cloche qui sonne 11h. Bientôt Sexte et la collation de midi ! C'est la tour clocher fortifiée de l'église du petit village de Château, en contre-bas du sentier.
Le sentier descend jusqu'à la vallée de la Grosne et Cluny, on passe subitement du granit au calcaire. Le genêt et le houx disparaissent au profit du frêne et du buis.
Sexte :

Aux 12 coups de midi, on arrive à Cluny. On passe devant la Porte de l'Abbé Mayeul, mais mieux vaut ne pas stationner dessous et s'attirer les foudres d'en-haut ! Pas de herse mais un assommoir, cette ouverture perfide qui permet de jeter des projectiles et d'assommer l' intrus !
On s'arrête un instant devant ce qui reste de l'église paroissiale St Mayeul, remarquable pour sa construction en "opus spicatum", réalisée avec des pierres plates posées inclinées sur la tranche et disposées alternativement en épi .
12h30, nos 36 compères s'égaillent dans le parc pour rompre le jeûne et partager - sans même prendre le temps de dire le bénédicité - terrine, cake, vin de messe, petits gâteaux et autres sucreries.
None :

14h, Rob nous invite à entreprendre la visite de l'abbaye-qui-n'existe-plus. Grâce aux gravures de Lallemand qu'il nous montre, grâce à son talent et ses connaissances, il reconstruit pour nous la Maior Ecclesia. On visite le musée dans le Palais de Jean de Bourbon où sont exposés, entre autres, des maquettes et des restes de voussures, de frises de végétaux, de la mandorle, du tympan du grand portail. Un film en 3D – réalisé avec l'apport technique des Gad'zarts - nous éclaire encore davantage sur la grandeur impressionnante de Cluny III.
Seul subsiste aujourd'hui le bras sud du grand transept. On s'y rend. La hauteur des murs, des colonnes et des voûtes donne une idée de ce qu'était l'ensemble. On s'ébahit devant les écrans répartis sur le parcours. Ils utilisent le principe de la réalité augmentée pour visualiser, grâce à des images de synthèse, les parties disparues de l'immense église. On termine la visite de l'abbaye par le cloître et le farinier à la charpente impressionnante.
Avant les Vêpres, on va par les ruelles de la ville, à la découverte des maisons à claire-voie et des échoppes romanes. Les plus vaillants ( à moins qu'ils aient quelque péché à expier ?) font l'ascension des 121 marches très raides de la Tour des Fromages .Du sommet, on a encore le plaisir de manipuler un dispositif de réalité augmentée pour découvrir la grande église abbatiale Cluny III, comme si elle était toujours intégralement là, dans la ville du 21ème siècle !
VEPRES
18h, les 36 bénédictins et bénédictines prennent le chemin du retour, non sans avoir dégusté auparavant les crêpes à la confiture de Soeur Martine du Jura.
. Complies :

19h30. Gare de Marmagne. Chacun regagne sa cellule pour se recueillir avant le grand silence de la nuit, jusqu'aux prochaines Matines.

Remerciements chaleureux à l'Abbé Rob et à Frère Roger pour ce voyage à Cluny !

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RETOUR VERS LE PASSE EN ACCELERE

Début 10ème siècle : naissance de l'abbaye grâce à une donation faite aux moines de Baume-les-Messieurs. L'Abbé Bernon et 12 de ses compagnons entament la construction de Cluny I qui sera terminée par Odon en 927.

Fin 10ème, l'abbaye gagne en influence, s'enrichit. Mayeul, 4° abbé, entreprend Cluny II, dédiée à Saint Pierre et Saint Paul.

Consécration de Cluny II sous l'abbatiat d'Odilon. On compte une cinquantaine de moines.

1088, Hugues de Semur entreprend le troisième chantier de l'abbatiale, Cluny III, achevée et consacrée en 1130 sous l'abbatiat de Pierre le Vénérable. C'est l'église la plus grande de toute la chrétienté, plus vaste que StPierre de Rome qui sera construite 5 siècles plus tard. On l'appelle "la Maior Ecclesia" : 187 mde longueur, 90 m de largeur, 11 travées, 2 bas-cotés de part et d'autre de la nef, 2 transepts, une avant-nef monumentale, 4 tours , 2 tours barabans, 5 chapelles rayonnantes autour du choeur...

On y compte plus de 300 moines. L'ordre clunysien est à son apogée.

Mais plus l'influence de l'abbaye grandit au-delà des frontières, plus on s'enrichit, plus on s'éloigne de la règle et moins on respecte la devise de Saint Benoit "Ora et labora , prie et travaille" qui souffre de nombreux coups de canif . Un groupe d'indignados bénédictins, avec à leur tête Robert de Molesme, prônent la décroissance et le retour à une vie monacale digne de ce nom. On ne sera pas étonné que le gros de la congrégation freine des quatre fers. Nos dissidents quittent Cluny, fondent l'Abbaye de Citeaux, prient, travaillent et se lancent dans la confection de leur fromage trappiste, tels les hippies des seventies et leurs fromages de chèvre dans le Larzac .

11ème siècle, l'ordre clunysien rassemble au moins 1000 monastères et 10000 moines sous la direction de l'abbaye-mère. Les premiers abbés sont élus par les frères, certains sont de fins diplomates, grands penseurs et voyageurs, ils concourent grandement au rayonnement de l'abbaye. Cluny est une ville florissante.

A partir de 1456, les abbés sont nommés par le roi de France . Jean de Bourbon , choisi par Charles VII, sera le dernier abbé à vivre à Cluny. Après lui, les nombreux abbés co-mandataires, ( Richelieu et Mazarin en sont les plus illustres représentants ) ne feront qu'y passer. On fait quelques tentatives pour réinstaurer plus de rigueur dans la vie monastique mais c'est un échec. C'est le début de la fin.

1790, les 30 derniers moines quittent les lieux.

1793, l'église est confisquée par l'état et vendue à des marchands de matériaux. La Maior Ecclesia est démolie pierre par pierre. Les habitants de Cluny parviennent à sauver quelques chapitaux, éléments de frise...

1806 , sous Napoléon I, le Haras National voit le jour à l'emplacement de Cluny III.

La sortie vue par Geneviève T.
 
 
 
 
Reconstitution numérique
 
La sortie vue par Daniel. D
 
Maison de Gourdon
 
La place de Gourdon
 
 
 
Fresque restaurée à l'église de Gourdon
Heurtoir
 
Eglise de Mt St Vincent
 
Tour de l'Assommoir à Mt St Vincent
Au-dessus du village de Château
Rob attend
En arrivant à Cluny
opus spicatum
 
Une tour des fortifications
 
Cluny III occupait tout l'espace 
 
La Tour des Fromages, tour d’enceinte de l’abbaye, appelée autrefois tour des fèves, vous permettra de conserver d'inoubliables souvenirs de votre visite à Cluny

Clé de voûte
Adam et Eve chassés du Paradis
  
Projection 3 D