Le Creusot-Autun




Le Creusot-Autun, un si bel itinéraire... trop peu couru.
Parmi les randonnées organisées, Le Creusot-Autun est l'une des rares à proposer un itinéraire en ligne. Six cents randonneurs s'y sont durci les mollets.Une centaine de randonneurs au départ du Creusot dimanche. Les organisateurs de la 19e marche Le Creusot-Autun attendaient trois fois plus de monde. Mais qui est prêt à poser la voiture à 7 h 15 à Autun un dimanche pour se faire ramener en car au Creusot avant de se taper 31 km à pied ? Moins de monde en tout cas qu'au départ de Saint-Symphorien-de-Marmagne. Horaire plus compatible avec une mini grasse matinée (9 h 30), soleil plus chaud et ravitailleurs de Saint-Symp Animation enjoués. Le médecin est là pour les habituels bobos de la marche -ampoules, entorses, ecchymoses de chute, ampoules- elle a même le défibrillateur dans la voiture, au cas où. Moyenne d'âge des randonneurs : 50 ans. Majorité de dames, et beaucoup de bâtons dans les mains, « ça soulage énormément les genoux », approuve le médecin, « il vaut mieux en avoir deux ».Tant pis si l'on a raté la montée du Creusot, jolie disent les plus courageux, le sentier en balcon de la vallée du Mesvrin qui suit est croquignolet. Mais le départ de « Saint-Sym » n'échappe pas à la sempiternelle critique des circuits locaux : la mise en jambes se fait sur 2,5 km de goudron. Il est 10 heures passées, le soleil chauffe, les débardeurs polaires sont peu à peu remisés dans les sacs à dos, les vestes de survêtement se nouent aux hanches. « J'aurais dû m'habiller plus court », dit une randonneuse. Pas facile quand on commence l'effort à une température de moins de 10 °C et qu'on finit à 18 °C !Sur le prospectus à faire tamponner aux ravitaillements, le comité de coordination de la rando souhaite « une agréable journée en communion avec la nature ». Encore un peu endormie, la nature. Pas de feuilles aux arbres, juste des jonquilles dans les jardins, quelques forsythias jaunes pétant. Un coucou timide chante au loin. Tout à l'heure, bien après la gare de Broye et le menhir de Charmeau, sur les hauteurs du bourg, on entend très nettement les saccades du pic-vert contre des bois de résonances diverses.Alain, la cinquantaine, encourage ses compagnes de marche dans le raidillon qui leur fait tirer la langue : « En montant à reculons, vous aurez l'impression de descendre », lance-t-il en montrant l'exemple. D'ailleurs, parmi les groupes de copains à godillots, ça rigole souvent. Un randonneur déambule en gilet fluo jaune : « Je savais qu'on prendrait des bouts de route… », justifie l'hyperprudent. Un Creusotin jure que les morilles ont commencé à sortir mais ne donne que le nom du bois, pas le lieu précis des tâches. Quant à chercher là, sur le chemin balisé, ça défile trop vite à 5 km/h.Décompte à rebours;Les panneaux kilométriques à rebours défilent aussi : 18, 17, 16… Mais après le ravitaillement du Bois Mathey, les baliseurs du dernier quart ont omis les bornes. D'abord le ravitaillement de St-Guinot, juste après avoir franchi le Rançon, la rivière qui a dessiné un val mignon à souhait. Saucisson, sandwiches au pâté, au Boursin, madeleine, quartiers d'orange, quarts de banane, pruneaux et abricots secs, eau citronnée, café et thé. Et gamelle d'eau pour les chiens. Jacques, de l'AMUR (Arroux-Mesvrin-Uchon-Randonnées) coche sur la nappe le nombre de dégustateurs qui se présentent. Et tamponne les feuilles de route. Toujours sur la nappe papier, cette gentillesse : « Bon courage pour la suite, la côte vous attend. ».On ne réalise pas combien elle dit vrai. On aurait moins mangé si on avait réalisé… C'est le moment où les chemises se mouillent, la fréquence des pauses accélère, où les gourdes se vident dans les gosiers le long du chemin creux bordé de recépées de hêtres et de châtaigniers.Trois kilomètres d'ascension et nouveau ravitaillement tenu cette fois par des adhérents de la Vaillante. Pain d'épices en plus de la halte précédente, madeleines en moins. Ambiance décontractée, parfois hilare quand un rieur raconte une blague. Plus que 8 km à crapahuter. Dans Fragny, un habitant sur une chaise dans son jardin compatit avec les marcheurs, un sourire aux lèvres : « Je suis avec vous moralement… »Dans la forêt de Planoise, les bois d'affouage laissent place à une belle futaie de chênes et hêtres, aux chemins rectilignes. On croise un marcheur en sens inverse. « Il fait l'aller-retour au Creusot avec un sac à dos rempli de cailloux », croit savoir une Creusotine. La descente sur Autun réserve la plus belle récompense panoramique : une vue carte postale sur la cité éduenne, sa cathédrale, son imposant lycée militaire, son plan d'eau du Vallon que la horde étirée des participants va longer jusqu'à la base nautique où l'attend l'ultime ravitaillement proposé par l'OMS d'Autun. Buffet abondant, sans doute parce que prévu pour plus que les 514 randonneurs et 67 vététistes enregistrés. Mais il est vrai qu'en randonnée organisée, il y a désormais de la concurrence, surtout en ces jours de printemps ensoleillés après un hiver sans fin.
Thierry Dromard (Journal de Saône et Loire)

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