Un train une ville : Dole.



Après Bourges et Besançon, Dole est la troisième ville dans laquelle nous nous rendons par le train. 9 d’entre nous, pour diverses raisons, ont utilisé le covoiturage mais ils sont bien là à la gare pour accueillir les 18 adeptes du chemin de fer. Un guide et une jeune stagiaire nous prennent en main pour une découverte de la vieille ville.

Dole est bordée au sud par un méandre du Doubs d'où l'étymologie de son nom, du

celtique dolen, méandre.

A la mort de Philippe le Bon en 1467, Charles le Téméraire hérite des deux Bourgogne, Le Duché et le Comté. Lorsque ce dernier trépasse, en 1477, sa fille Marie se heurte aux ambitions territoriales du roi Louis XI, qui après un refus de sa « protection », par Dole, assiège aussitôt la ville, qui met rapidement ses troupes en déroute. En 1479, Louis XI établit un contrat contraignant Marie de Bourgogne à fiancer sa fille Marguerite au dauphin, et donc à lui céder le comté de Bourgogne.

Aussitôt l'accord signé, les troupes du roi parviennent à entrer dans Dole, par la ruse. Elles massacrent alors la population.

Le comté est officiellement restitué aux Habsbourgs par le traité de Senlis en 1493. La ville est alors reconstruite avec leur soutien, dans un style gothique. À la mort de Marguerite d'Autriche, en 1530 Charles Quint devient comte de Bourgogne.

En 1674, le 6 juin, Louis XIV avec l’appui de Vauban mène le siège de la ville qui lui ouvre ses portes 3 jours plus tard. Le comté est alors rattaché au royaume de France par le traité de Nimègue, 1678.



Le ciel est menaçant mais nous n’avons à subir qu’une averse supportable. Nous découvrons les treiges, ruelles étroites qui facilitaient la lutte contre les incendies. Des recoins étaient aménagés pour empiler des seaux en cuir qui permettaient de réaliser des chaînes humaines afin de lutter contre les flammes.

Nous nous arrêtons devant la chapelle du collège de l’Arc. Les congrégations religieuses catholiques étaient au nombre de 17. Nous suivons nos guides dans les rues étroites de la vieille ville qui s'enroule autour de La collégiale Notre-Dame de Dole. Construite en 1286 sous le vocable de chapelle Notre Dame, elle est détruite lors du massacre des Dolois par Louis XI en 1479, elle est reconstruite au XVIème siècle après les pillages subis sous Louis XI, elle symbolise le relèvement de la cité. Son puissant clocher-porche haut de 73 mètres évoque l'intensité des luttes religieuses de l'époque. A l'intérieur, nous sommes frappés par l'ampleur des volumes, qu'accentue la sobriété affirmée de ses lignes d'un gothique tardif. Son mobilier et ses décorations, offerts par les plus hauts notables de la ville, constituent les premières œuvres de la Renaissance doloise. Nous contemplons l'exceptionnel grand orgue aux 3.500 tuyaux construit par l'allemand Riepp, l'un des très rares spécimens du XVIIIème siècle en France non restauré et en état de marche ce qui lui confère une sonorité baroque unique, très prisée des spécialistes. Sa consécration en 1951, lui vaut également le qualificatif de basilique mineure. 

La chapelle à droite de l'autel - la Sainte Chapelle du Miracle de Faverney a été construite dans le début du 17e siècle pour abriter une relique qui a été miraculeusement sauvée d'un incendie à l'abbaye de Faverney, la chapelle est richement décorée dans le style Renaissance, sous un plafond voûte.

Nous découvrons l'hôtel-Dieu, bâtiment imposant, caractéristique du style Renaissance pratiqué à Dole aux XVIe et XVIIe siècles. Sa construction, commencée en 1613, fut longuement interrompue par les sièges et guerres que la ville subit à trois reprises entre 1636 et 1674. Mais l'essentiel des bâtiments fut réalisé en 1636. . L'hôtel-Dieu avait pour vocation d'accueillir les malades, surtout les pauvres qui ne pouvaient se faire soigner chez eux. En 1663, quelques sœurs hospitalières de Sainte-Marthe viennent de Beaune pour s'occuper des malades et fonder la première communauté de sœurs à l'hôtel-Dieu. Cet hôpital a fonctionné pendant plusieurs siècles, jusqu'en 1973, date à laquelle il se transforme en centre de gériatrie tandis que le Centre Hospitalier Louis-Pasteur ouvre ses portes. Depuis 2000, le bâtiment est devenu la Médiathèque. La profusion et l’inventivité du décor sculpté sous le grand balcon contrastent avec la grande sobriété de l’ensemble. L’austérité marque également l’intérieur du bâtiment, organisé autour d’une cour carrée. Au rez-de-chaussée se trouvaient les espaces fonctionnels (pharmacie, bureau, cuisine, réfectoire, bûcher, cellier, ...), tandis que les malades étaient installés au 1er étage, de part et d’autre de la chapelle, signalée par son clocheton à l’angle sud-est du bâtiment. Les sœurs occupaient le deuxième étage.

A notre gauche, à la sortie, le grand bâtiment de l’hôpital général de la Charité a été construit entre 1700 et 1760, sur le terrain de l’ancien bastion du Pont, laissé vacant après la conquête française. Cette institution d’assistance publique accueillait les personnes sans ressource, faisant également office de lieu d’enfermement pour les populations marginales jugées à risque.

Il est déjà midi. Un restaurant sympathique tout comme son propriétaire nous accueille pour un menu de terroir simple mais copieux qui nous laissera plutôt apathiques en début d’après-midi.

Notre deuxième guide, pourtant intéressante n’aurait pas dû nous laisser nous asseoir. Qui n’a pas à un moment ou à un autre fermé les yeux ?

L'implantation clunisienne à Dole, alors capitale du comté de Bourgogne, remonte à 1494, lorsque le prieur majeur de Cluny, Antoine de Roche, érige un collège, le troisième et dernier fondé par l'ordre après Paris et Avignon. Agrégé à l'université de langue française fondée par Philippe le Bon en 1423, l'établissement forme les futurs cadres de l'ordre en accueillant douze moines boursiers qui étudient le droit et la théologie. Les bâtiments comptent une importante bibliothèque ouverte à tous et une chapelle de style gothique dédiée à saint Jérôme. Ces lieux reçoivent les hôtes de marque aux XVIe et XVIIe siècles. La Conquête française (1678) entraîne le départ de l'université à Besançon : le collège devient simple couvent jusqu'à la Révolution, où il est vendu à des particuliers.

Occupés par les sœurs de la Visitation de 1826 à 1977, les bâtiments sont acquis par la Ville de Dole puis réhabilités dès 1983. La chapelle accueille aujourd'hui l'auditorium du Conservatoire à rayonnement départemental. Les statues du cycle des apôtres et des prophètes, commandées par Antoine de Roche sur le modèle de celles initialement prévues pour la chapelle des Bourbon à Cluny, ont été restaurées en 2007. L'ensemble, unique, constitue un programme iconographique traduisant dans la pierre le dialogue entre Ancien et Nouveau Testament. Les apôtres et saint Antoine appartiennent au courant de la sculpture bourguignonne, développé grâce aux apports d'artistes de renom venus des Flandres au XVe siècle.

Nous ressortons à l’air libre et vivifiant pour une ultime étape qui nous conduira à la maison natale de Pasteur. Au bout de la promenade du canal et à droite du grand moulin, s’ouvre le passage menant à la Grande Fontaine, abusivement appelée « Fontaine aux Lépreux », puisque ces derniers n’étaient pas autorisés à pénétrer dans la ville. Ceux-ci demeuraient en effet très à l’écart, à la Maladière située de l’autre côté du Doubs. Reste que la Grande Fontaine est mentionnée dès 1274. Cette source est une résurgence vauclusienne : ruisselant depuis le Mont-Roland situé au Nord de Dole, l’eau qui l’alimente a traversé les couches calcaires du sous-sol pour rejaillir au bas de la ville. Aménagé en lavoir au 18e siècle, cet endroit insolite a fortement inspiré Marcel Aymé pour son roman Le Moulin de la Sourdine. Nous comprenons pourquoi nous suivons les traces du chat perché puisque l’auteur de ce livre étudié au collège est originaire de la ville.

Une nouvelle guide nous présente de manière vivante, peu académique mais cela nous convient un Pasteur méconnu, loin de l’image d’Epinal de nos vertes années. Elle insiste bien sur son existence au quotidien dans une culture du XIXème siècle qui nous paraît bien reculée. Nous découvrons les diverses facettes de ses capacités allant de l’artiste en herbe au bienfaiteur de l’humanité. Son parcours n’a rien d’un long fleuve tranquille mais son entêtement lui aura permis d’être le personnage reconnu de tous. On ne connaît pas nécessairement l’importance de ses collaborateurs et les conséquences du tâtonnement  expérimental qui ont entraîné quelques dégâts collatéraux. Nous apprenons aussi que le hasard d’une préparation oubliée a permis de faire avancer la science.

Ce quartier fut également dédié, dès le XIIIe siècle, à l’activité de la fabrication des cuirs, pratiquée dans les immeubles étroits et tout en hauteur bordant le canal. Les tanneries se trouvaient au niveau des caves qui donnaient alors directement sur l’eau, nécessaire au ‘‘travail de rivière’’, première phase du traitement des peaux.

Nous profitons de la petite heure qui nous reste pour vagabonder librement dans la ville avant de reprendre le train. Un café proche de la gare accueillera une bonne partie d’entre nous.

Avant le départ.
Quand on est  « on the dole » en Angleterre, c’est qu’on est au chômage… Roger, l’organisateur de nos escapades « Un train, une ville » n’a pas chômé, lui, pour nous permettre de passer une excellente journée à Dole (sans accent circonflexe s’il vous plait). Mais non ! Pas à Dole le village de Bosnie Herzégovine comme d’aucuns pourraient le penser, mais Dole, chez nos voisins de Franche Comté.
Quand on dole une planche ou du cuir, on l’aplanit, on l’amincit… et cela n’a pas été une mince affaire pour Roger d’aplanir les difficultés et d’organiser ce périple en train, de viser juste sur le calendrier afin de nous faire profiter des Bons Plans TER de la SNCF. Merci à lui pour tout le temps passé devant son ordinateur à commander les billets des âmes en peine  venues frapper à sa porte !
Le voyage.
Prenez une vingtaine d’Amuriens adultes, lâchez-les dans un pré, un bois, sur un sentier, ils sauront se tenir.  Prenez les mêmes, lâchez-les dans le hall de la gare du Creusot, sur le quai direction Dijon, et c’est une autre affaire : d’adultes discrets qu’ils sont, ils se transforment illico en collégiens excités, bruyants et rigolards en partance pour un voyage scolaire ! Est-ce pour éviter cela, que nos deux présidents et quelques autres –soucieux de préserver leur stature- ont préféré se déplacer en voiture ? La question reste posée…Mais revenons à nos adulescents ruraux. Une fois débarqués en gare de Dijon, ça se corse ! Ils se serrent les coudes, ne se quittent pas des yeux, cherchent avec appréhension la voie où ils n’auront que trois minutes pour monter dans le TGV direction la capitale de la Franche Comté.
Les retrouvailles en gare de Dole.
10h. Tout le monde est rassuré. Tout le monde est là et notre guide pour la visite du matin aussi. Le temps n’est pas très favorable, mais on en a connu de bien pire, tout le monde est fin prêt pour ce voyage dans le passé de Dole…

















 


















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