Sortie VIP aux sources de l’Yonne, ce samedi 5 mai
Que de beau monde ! Un expert botaniste de la SHNC, une
présidente, deux présidents, un randonneur autunois à 900km au compteur en 2016
et deux (modestes) secrétaires, nullement intimidés par des prévisions météo
alarmistes.
Que d’eau que d’eau ! Petite pluie au départ de
Glux-en-Glenne pour s’accoutumer, un semblant d’accalmie pour faire croire
qu’on va échapper à la rincée et pour finir, la saucée franche et drue pour anticiper
le retour aux abris.
Que de musique ! Le coucou-coucou-coucou du coucou, le filip-filip-filip de la grive musicienne, le
ploc ploc ploc de la pluie sur les feuilles, le plitch platch des semelles sur
la terre mouillée, le glouglou d’un ruisseau, le plop d’un bouchon de liège…
Que de couleurs ! Un nuancier infini de verts, de bruns, de
gris, les taches jaune d’or du caltha-le populage des marais, le rose vif des compagnons , le blanc des
stellaires, une touche de mauve au cœur du cirse des marais, la robe grenat
d’un givry…
Que de bons mots ! L’ovaire résupiné* de l’orchis mascula,
la renouée bistorte deux fois tordue, les chlorocystes et hyalocystes de la
sphaigne, les ions libérés par son échangeur cationique, les feuilles
trifoliées de l’oxalis, la cornéenne**, et le microgranite**, la gratinée à
l’oignon…
Bref, une sortie mouillée mais très sympathique et réussie grâce
à Michel B. de la SHNC à qui nous adressons un grand merci !
*Résupiné du latin resupinus : penché en arrière
Qui offre en haut les parties dont la situation devrait être en
bas.
La résupination (torsion de 180°chez les orchidées) facilite la pollinisation,
en offrant une surface maximum telle une piste d’atterrissage à la vue de
l’insecte et l’oriente vers le gynostème, la colonne au centre de la fleur
d’orchidée où se trouvent les organes sexuels judicieusement disposés pour qu’il
soit obligé de remplir son rôle de pollinisateur.
**cornéennne : roche métamorphique de contact.
microgranite :
roche granitique à structure microgrenue
Géologie du Massif du Haut Folin
Légende de la
carte géologique:
- 1. Granite de Luzy2. Cornéenne3. Complexe volcanique d’âge carbonifère inférieur4. Granite du Haut Folin entamé par la Canche5. Microgranite des gorges de la Canche6. Ligne de partage des eaux entre Manche et Atlantique
Contexte
géologique
L La région autour de Glux en Glenne est
intéressante par sa diversité. Sur les chemins que nous avons suivis, sur les
murets que nous avons longés, nous avons pu retrouver les roches présentées sur
la carte ci jointe : Titre de la carte : Carte géologique schématique (Pierre
Rat)
·
La
cornéenne (2) qui est le résultat de la transformation d’argiles au contact du
granite de Luzy (1) au moment de sa mise en place : le magma montant très
doucement apporte une chaleur qui métamorphise les roches qu’il traverse ;
d’où le nom de métamorphisme de contact. La roche qui en résulte est dense,
compacte, souvent sombre, parfois brun rouge
(couleur due aux
minéraux possédant du fer). De petits filons verts clairs d’épidote sont
parfois visibles
Elle a été utilisée
pour les pavements, les constructions ; on a aussi retrouvé des bifaces
(outils préhistoriques) taillés dans la cornéenne
·
Des
roches d’origine volcaniques (3) constituant un complexe datant du début du
carbonifère (environ – 345 Millions d’années) : matériaux de projection,
coulées de laves sombres…
·
Du
micogranite à grains fins de couleur rosé à rouille selon le degré d’altération.
Ces roches témoignent du passé mouvementé de la
région : plissements, failles et autres mouvements tectoniques résultant
de la mise en place d’une grande chaine de montagne (hercynienne) puis
l’érosion ont façonné le paysage, créant en particulier des dépressions où
l’eau va s’accumuler et donner naissance
il y a 10 000 ans aux tourbières du Morvan.
Les
tourbières
Une tourbière nait, vit et meurt.
L’accumulation d’eau dans une dépression, un écoulement lent, des
précipitations abondantes et des températures relativement basses constituent
des conditions favorables à son établissement.
Dans ce marécage initial, milieu privé
d’oxygène, la décomposition incomplète des végétaux permet l’accumulation de
matière organique qui constituera la
tourbe brune. Une mousse particulière s’installe : la sphaigne ;
véritable éponge naturelle elle peut emprisonner 70l d’eau dans un volume de
20cm d’épaisseur sur 1m2 ; elle se développe malgré la quasi absence de
sels minéraux et constitue des buttes (voir schéma) portant une végétation
caractéristique dont la linaigrette.
Si l’eau vient à manquer, la sphaigne laisse la
place à une graminée : la Molinie ; ce sont alors des prairies para
tourbeuses puis des arbres et arbustes
apparaissent : le Saule à oreillettes, la Callune, la Bourdaine. Ce boisement
constitue le stade ultime.
A noter que les tourbières sont des milieux à
protéger pour de nombreuses raisons : elles sont indispensables au
maintien des ressources en eau ; elles constituent des puits de carbone
importants et enfin ce sont des archives naturelles remarquables en ayant
emprisonné les pollens des arbres sur plusieurs milliers d’années permettant
ainsi la reconstitution des climats passés.
Tourbière aux sources de l'Yonne
Sphaignes.
Molinie.
Flore du Haut Morvan et de milieu humide.
Renoncule à feuille d'aconit.
Bistorte
Le flottage du bois, toute une époque.
L'ancienne forêt domestique
Au Moyen-Age, la forêt était exploitée d'une manière domestique, le
seigneur y trouvant essentiellement une activité de chasse à côté des
fournitures indispensables à la vie quotidienne (chauffage, clôtures,
construction, engins...). Les habitants, manants et tenanciers, y cherchaient
un complément de ressources à leurs modestes exploitations, sous forme de
multiples cueillettes et surtout 'd'usages' moyennant redevance : Bois pour le
chauffage, les outils, la chaussure des charrettes, le bâtiment, les clôtures,
les sabots...
Un bouleversement
A partir du XVIème siècle, le flottage des bois de chauffage, pour la
provision de Paris, entraîne un bouleversement dans l'utilisation de la forêt
morvandelle, aussi bien que dans la vie paysanne.
Le marché parisien
La croissance continue de la capitale (estimation de 250.000 habitants pour
le XVIIIème siècle, 550.000 en 1801, 1.000.000 en 1846) développe les besoins,
particulièrement en combustible.
Après avoir utilisé les ressources mobilisables, par voie d'eau sur le bassin de la Seine, la nécessité d’exploiter la forêt morvandelle s'impose d'où l'organisation du flottage en train, à partir des zones de Clamecy sur l'Yonne et de Vermenton sur la Cure, flottage en train, lui-même alimenté par le flottage à bûches perdues sur les ruisseaux en amont. Charles Leconte aurait fait partir le premier train de Châtel-Censoir en 1547, cependant que Jean Rouver aménage l'amont (étangs pour le lâchage, bordure des ports, nettoyage des lits).En 1580, on atteint les sources de la Cure, en 1587, Château-Chinon. Le système est bien au point dès le début du XVIIIème siècle, et Simon Sauterau, d'Arleuf équipe l'Yonne supérieure. Le Port des Lamberts est tout près des sources de l’Yonne
Après avoir utilisé les ressources mobilisables, par voie d'eau sur le bassin de la Seine, la nécessité d’exploiter la forêt morvandelle s'impose d'où l'organisation du flottage en train, à partir des zones de Clamecy sur l'Yonne et de Vermenton sur la Cure, flottage en train, lui-même alimenté par le flottage à bûches perdues sur les ruisseaux en amont. Charles Leconte aurait fait partir le premier train de Châtel-Censoir en 1547, cependant que Jean Rouver aménage l'amont (étangs pour le lâchage, bordure des ports, nettoyage des lits).En 1580, on atteint les sources de la Cure, en 1587, Château-Chinon. Le système est bien au point dès le début du XVIIIème siècle, et Simon Sauterau, d'Arleuf équipe l'Yonne supérieure. Le Port des Lamberts est tout près des sources de l’Yonne
Les marchands
organisent le trafic.
A l’origine, les marchands forains assurent la collecte des bois et le
flottage à bûches perdues.
les marchands de Paris viennent s'approvisionner sur les ports où se construisent les trains, La division originelle s'estompe progressivement. Dès le XVIIIème siècle, les plus importants des marchands contrôlent tout le trafic du Morvan à Paris, tantôt en accord, tantôt en en rivalité avec les propriétaires nobles. Ils ont des auxiliaires sur le terrain, facteurs et agents.
les marchands de Paris viennent s'approvisionner sur les ports où se construisent les trains, La division originelle s'estompe progressivement. Dès le XVIIIème siècle, les plus importants des marchands contrôlent tout le trafic du Morvan à Paris, tantôt en accord, tantôt en en rivalité avec les propriétaires nobles. Ils ont des auxiliaires sur le terrain, facteurs et agents.
Le conflit social en Morvan.
Le nouveau marché du bois rompt l'équilibre social approximatif qui
existait entre seigneurs et paysans. Dans le nord Morvan, celui des bassins de
l'Yonne et de la Cure, les grandes familles nobles, grands propriétaires de
bois par centaines et milliers d'hectares, les Chastellux, Château-Chinon, La
Tournelle, Roussillon..., s'efforcent, par de multiples procès, de limiter ou
supprimer les droits d'usage qui altèrent leurs propriétés pour se réserver
tout le profit du nouveau trafic.
Les paysans tenanciers voient ainsi diminuer ou disparaître leurs ressources complémentaires et doivent leur survie aux salaires gagnés dans l'exploitation du bois. Ils deviennent une main-d’œuvre qui assure le bûcheronnage, le charroi, l'empilage, le jetage, le contrôle du flot comme 'poules d'eau' armées de crocs, et l'entretien des ruisseaux... L'opposition se retrouve ultérieurement jusque dans les soulèvements de 1848.
Les paysans tenanciers voient ainsi diminuer ou disparaître leurs ressources complémentaires et doivent leur survie aux salaires gagnés dans l'exploitation du bois. Ils deviennent une main-d’œuvre qui assure le bûcheronnage, le charroi, l'empilage, le jetage, le contrôle du flot comme 'poules d'eau' armées de crocs, et l'entretien des ruisseaux... L'opposition se retrouve ultérieurement jusque dans les soulèvements de 1848.
Le flottage atteint son apogée à la fin du XVIIIème siècle et au début du
Consulat, lorsque Paris consomme entre un million et un million et demi de
stères par an, dont le Morvan fournit les deux tiers. Mais le flottage connaît
un rapide déclin dès le XIXème siècle. La forêt elle-même a évolué, puisqu’onobserve,
dès la la fin du XVIIème siècle, le remplacement de la futaie par un taillis,
d'ailleurs favorable au furetage qui consiste à couper les arbres
périodiquement, çà et là, en choisissant ceux qui ont l’âge de la coupe.
Les paysages
Une forêt exploitée raisonnablement.
Sur le GR 13
Les anciennes haies plessées ont pris des allures inquétantes.
Ici, source de l'Yonne.
La ligne de partage des eaux entre le Bassin de la Seine et celui de la Loire passe au col tout proche.
Toit de chaume.
Haie fraîchement plessée.
Les massifs se succèdent.
L'antenne du Haut Folin, en attendant la Tour ?
Les animaux entrevus
D'à peu près secs à trempés.
Chevaux
Nous les avons écartés du chemin.
Un pic a festoyé sur ce tronc.
Un pic a festoyé sur ce tronc.
D'à peu près secs à trempés.
Les 7 Amuriens.
Au départ : encore secs !
La Dame Blanche de Glux et son parapluie bleu.
Observation.
Michel parle du lierre terrestre.
Encore optimistes.
On dirait que ça se dégage.
Heureusement, un préau nous a permis de pique-niquer à l'abri.
Michel parle du lierre terrestre.
Encore optimistes.
On dirait que ça se dégage.
Heureusement, un préau nous a permis de pique-niquer à l'abri.
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