Equipée à L'Amoura en l'an de grâce 1609

Dame Martine de la Giboudière, fille de Monsieur de Plâââne, fort empourprée par le soleil ardent, use de médications naturelles

Les riches heures de l'Amur en la Franche-Comté

A la couchée, le prince Jehan, Robert, com(p)te de l'Amur, et leurs gentes dames, parvinrent les premiers au chastel de l'Amoura, bien du Conseil des états de Saône et de Loire, tenu de main de fer par le Sieur de Mont-a-rebours, ainsi nommé pour avoir un jour de grande beuverie enfourché son palefroi à l'envers.
Dame Martine de la Giboudière, fille de Monsieur de Plâââne, arriva avecq ses dames d'atour. Semblablement vint le couple de Fragny.
Messire Michel, seigneur des Terres Australes, sa dame Guenièvre et Monsieur des Roches arrivèrent fort tard, leur coche ayant esté égaré par le truchement d'astrolabe et théodolite de peu de fiance. Ils furent en épaisse forest, en grand péril d'estre dévorés par leu ou austre beste féroce, détroussé par gueux avides d'écus, débauchés par ribaudes avides de…… (Ici, un petit mot a été effacé, probablement par la censure de l'époque)
Christian de Broye, ancien fermier général, parvint lors de la troisième libation, sa première dame ayant l'heur déjà venue avecq d'austres gens de qualité du dict Broye. Nous fumes tous en grande joye d'estre en fin réunis, mais fort marris de ne pouveoir le jour suivant estre à la grande jacquerie contre le Roy qui vouloit clore lazarets et maladreries.
A Martine sonnante, un grand tintamarre de bidons, chaudrons et gamelles nous bouta hors de nos couches
A tierce, nous fusmes au pied d'une montagne haulte d' esguille que nous gravismes en une roide pente.
Bientôt, nous fumes en Helvétie, qu'il ne falloit point prendre pour des lanternes
Nous nous esbaudismes grandement devant la harde de bestes cornues qui peuploit les prés. Oncques ne vismes si tant biaux et nobles bestiaulx. Les dites bestes ne craignoient point d'estre navrées par les arquebuses et les arbalètes, les Helvètes estant trop occupés à compter leurs ducats et les mestre en de solides coffres
Tous se ramentavoient les grandes lavasses d'eau de l'an passé et estoient bien ayse du soleil ardent de cet an 9. Mais le dict soleil avoit empourpré les faces de Dame Martine et du comte Robert, ce qui leur valoit les quolibets de leurs compains.
De retour au chastel, ils durent s'oindre de moult onguent et se mestre sur la face force tranche de légumes.
A l'heure des ablutions, Dame Martine de la Giboudière perdit vestimenture que femmes ont dessous leur cotillon. On ne put recognoitre si cela estoit faict de sorcellerie ou facétie des austres dames.
A la vesprée nous fîmes ripaille à la table des commensaux, et bûmes force cruchons des vins de la duchée de Bourgoingne, de la Franche-Comté et d'austres lieux de la Sarkozie, et mesme de la Navarre.
Cependant que nous nous sustentions, nous oyions avec grande ayse maints plaisants récits sur chat et mari que contoit Dame Marie Jo.
A la veillée, Dame Ghislaine nous montra moult belles enluminures de l'Isle Bourbon, où sa damoiselle et le galant d'icelle estoient partis soigner les sauvages. Cependant que Christian de Broye, fort las d'aveoir guerroyé contre les seigneurs de la Dextre, s'assoupissoit avecq grand bruit de soufflet de forge.
Le jour suivant, tout le vivre estant consommé, nous nous en fûmes vers nos terres, nos gens et nos bestes.


D'après les Mémoires de Robert, Com(p)te de l'AMUR

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